En menant des guerres contre les peuples, les dirigeants impérialistes ne combattent pas le terrorisme, ils le nourrissent21/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1731.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Editorial

En menant des guerres contre les peuples, les dirigeants impérialistes ne combattent pas le terrorisme, ils le nourrissent

"Une riposte dévastatrice et prolongée", voilà ce que promet le président américain George Bush. Quelles actions prépare cette envolée guerrière ?

Bombarder l'Afghanistan qui abriterait le chef terroriste Ben Laden ? Mais les principales victimes ne seraient pas les taliban qui imposent à la population de ce pays une dictature obscurantiste, mais leurs victimes, les masses pauvres de Kaboul qui n'ont ni les moyens ni l'argent pour fuir les bombardements, ou les femmes soumises à une oppression barbare.

Bombarder l'Irak ? Mais l'aviation américaine l'a déjà fait et continue encore. Cela n'a même pas abouti à la chute de la dictature de Saddam Hussein. Mais, en revanche, les bombes puis le boycott imposé au pays ont fait 1,5 million de victimes dans la population, dont 500 000 enfants.

Laisser les mains entièrement libres au gouvernement d'extrême droite au pouvoir en Israël pour réprimer la population palestinienne ? Mais c'est déjà le cas. Plus le régime israélien humilie et spolie le peuple palestinien, plus il envoie les chars et les hélicoptères contre des jeunes armés de pierres, plus il suscite de désespoir et de haine, plus il les pousse vers le terrorisme.

Le terrorisme d'Etat n'excuse pas le terrorisme d'un Ben Laden. Mais il le nourrit.

Oui, on ne peut entretenir des guerres aux quatre coins du monde sans qu'elles vous rattrapent un jour. Les femmes et les hommes qui sont restés sous les ruines du World Trade Center sont les victimes d'une action terroriste que rien ne justifie, mais aussi de la politique de leurs propres dirigeants.

George Bush demande aujourd'hui à son peuple un chèque en blanc pour venger les victimes. Il n'est pas de l'intérêt des travailleurs d'Amérique de participer à cette union sacrée, pas plus qu'il n'est de l'intérêt des travailleurs de France et d'Europe de soutenir leurs propres dirigeants et la coalition des puissances impérialistes.

Le président américain prétend vouloir éradiquer le terrorisme. Mais, des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki aux bombardements de Bagdad et de Belgrade, en passant par le napalm sur le Vietnam, l'armée américaine a pratiqué le terrorisme contre des peuples à une tout autre échelle que ceux qui ont conçu l'infamie des avions-suicide sur New York.

Pour contrer l'URSS ou simplement les courants nationalistes arabes, les Etats-Unis ont soutenu et financé pendant des décennies les organisations intégristes réactionnaires dans les pays arabes.

Pour contrer l'Inde, à une époque où elle prenait ses distances, ils ont soutenu le régime islamiste du Pakistan et l'ont aidé à se doter de l'arme atomique.

Ils ont encouragé, armé et financé les taliban afghans et Ben Laden lui-même lorsque cela arrangeait leurs intérêts, sans parler des groupes terroristes d'extrême droite en Amérique latine.

Eh bien, on ne manipule pas impunément ces forces réactionnaires !

Bush prétend représenter la modernité contre l'obscurantisme. Mais les Etats-Unis s'appuient sur les régimes les plus obscurantistes de par le monde, à commencer par le régime saoudien et les émirs du Moyen-Orient.

Bush se pose en défenseur de la démocratie. Mais combien de coups d'Etat fomentés, de l'Indonésie au Chili ? Il se pose en défenseur des droits humains. Mais il défend en réalité le droit des grands groupes financiers à dominer le monde.

Alors, être solidaire des victimes de New York et du peuple américain, oui. Mais pas solidaire du gouvernement ou de l'état-major américains, pas plus que de nos propres dirigeants, leurs alliés et complices. C'est leur politique qui mène à la catastrophe. Car, au-delà de ses aléas et de ses contradictions, cette politique vise à maintenir un système social qui accumule la richesse d'un côté et la misère de l'autre et qui pousse des peuples au désespoir. Cette fois encore, quels que soient les actes de guerre qu'ils préparent, ce sont les peuples qui en payeront le prix.

Partager