Attentats de New York - les préparatifs d'une nouvelle coalition impérialiste : Non à une nouvelle guerre contre les peuples !21/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1731.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Attentats de New York - les préparatifs d'une nouvelle coalition impérialiste : Non à une nouvelle guerre contre les peuples !

Les Etats-Unis assument depuis des années la place de premier gendarme du monde et s'ils ont été frappés par des avions-suicide, c'est bien parce qu'on ne peut pas porter indéfiniment la guerre aux quatre coins de la planète sans en subir un jour les conséquences. Malheureusement, ce sont des exploités, des travailleurs, les pompiers qui se trouvaient à ce moment dans les "tours jumelles" de Manhattan qui ont payé, et les organisateurs des attentats n'ont fait qu'ajouter, à l'horreur des attaques impérialistes, l'horreur de leur propre action.

Une mise en condition de l'opinion

Mais maintenant, après les attentats du 11 septembre, Bush prépare l'opinion publique américaine et mondiale à mener la "guerre au terrorisme" en représailles contre les responsables réels ou supposés.

Il annonce "une bataille monumentale du bien contre le mal", en utilisant le même langage que les taliban, ces intégristes afghans. Tel un prêcheur, il prédit : "Nous remporterons la victoire. Nous rallierons le monde derrière nous." Pas les travailleurs conscients en tout cas.

La vocation de gendarme du monde a entraîné les Etats-Unis dans une alternance d'actions dites antiterroristes et d'interventions militaires directes. Certains, comme les bombardements contre Tripoli, la capitale libyenne en 1986, étaient ouvertement du terrorisme d'Etat. Les plus récentes ont été généralement présentées comme des actions humanitaires, comme l'intervention en Somalie en 1992 baptisée "Restore hope" ("Restaurer l'espoir"). En fait de restauration de l'espoir, cette politique a plongé les peuples les plus pauvres dans un désespoir encore plus grand.

Les commentateurs se plaignent que le gendarme du monde n'ait pas ramené la paix, constatant au contraire la multiplication des conflits dans le monde entier. Mais, outre les immenses inégalités qui peuvent exister entre une poignée de grandes puissances et la quasi-totalité des Etats, ce sont justement les multiples interventions des puissances impérialistes qui ont largement contribué non pas à apaiser mais, au contraire, à envenimer bien des conflits locaux.

Bien des adversaires des Etats-Unis d'aujourd'hui étaient il y a peu encore ses alliés et ce sont souvent ces alliances qui ont contribué à les transformer en une menace contre leurs alliés d'hier.

Des alliés à l'image des intérêts qu'ils défendent

Pendant la période de la "guerre froide" antérieure à la chute du mur de Berlin en 1989, les Etats-Unis n'ont jamais été regardants sur le choix de leurs alliés. Tout était bon du moment qu'il s'agissait de contrecarrer l'Union soviétique. Les gouvernants américains ont même appuyé de préférence tout ce que le monde pouvait compter de courants politiques réactionnaires, supposés pouvoir être des alliés naturels contre l'URSS.

En Europe, les choix de l'impérialisme américain n'ont pas été pour rien, après la Deuxième Guerre mondiale, dans la survie pendant trente ans des dictatures de Franco et Salazar dans la péninsule ibérique. En Grèce, en Turquie, en Amérique latine, dans la plupart des pays d'Asie, ils ont soutenu les dictatures militaires les plus rétrogrades. Au Proche-Orient, en Egypte, en Arabie Saoudite, ils ont en général soutenu les intégristes musulmans les plus réactionnaires, contribuant ainsi à transformer en forces capables de prendre le pouvoir des groupes qui étaient au départ des sectes religieuses parfois minuscules. Ainsi, le groupe du mollah Omar qui dirige aujourd'hui l'Afghanistan ne comptait au départ qu'une trentaine de personnes, et les taliban avec qui il s'est allié, deux mille personnes, avant que les Etats-Unis ne les aident à grandir en les soutenant matériellement et humainement par Pakistan interposé.

Tout cela obéit à une logique. Parce qu'ils défendent des intérêts impérialistes, les dirigeants américains ont recherché dans tous les pays l'appui des groupes et des couches sociales les plus réactionnaires. Mais, ce faisant, ils ont contribué à envenimer les situations et à aiguiser des conflits. Et après leurs interventions, les leurs et celles des autres impérialistes, ils ont laissé le plus souvent derrière eux des situations insolubles. C'est le cas au Proche-Orient, en Irak, dans divers pays d'Afrique, en Inde et au Pakistan, en Afghanistan, dans les Balkans... Et les hommes qui se tournent contre eux, les Ben Laden mais aussi les Noriega, les Saddam Hussein ou même les Milosevic, sont souvent ceux qu'ils ont à un moment armés et renforcés.

Non à une nouvelle intervention impérialiste !

Quelle sera la forme de la riposte américaine ?

Bush lui-même ne le sait peut-être pas encore, mais les 19 pays de l'OTAN se sont d'ores et déjà déclarés "prêts" à agir aux côtés des Etats-Unis en vertu de l'article 5 de l'OTAN, qui énonce un principe de solidarité entre les Etats membres de l'Alliance atlantique, un article auquel on n'avait pas fait appel depuis 52 ans qu'existe l'OTAN, mais qui a été révisé en 1999, à la demande des Etats-Unis, et qui place désormais sur le même plan actes terroristes, sabotages, crime organisé, interruption de l'approvisionnement de sources vitales et attaques militaires classiques.

Bien sûr, les dirigeants des Etats européens notamment, qui doivent tenir compte d'une opinion publique qui n'est pas entièrement dupe sur les responsabilités des dirigeants américains dans ce qui les frappe aujourd'hui, et qui cherchent aussi à ménager leurs intérêts dans certains pays du Tiers Monde, ont nuancé en paroles leur engagement. Mais on ne peut douter que les grands Etats européens, qui se sont engagés dans la guerre du Golfe ou contre la Serbie sans états d'âme, répondront "présent" aux dirigeants des Etats-Unis quand ceux-ci sonneront le rassemblement, et qu'ils fourniront une partie des troupes nécessaires, par exemple pour une attaque contre l'Afghanistan.

Bien sûr, pour mener cette attaque, ou une autre, les dirigeants impérialistes s'appuieront sur le sentiment d'une partie de leur population qu'il faut bien répondre à une agression et empêcher de nuire les "terroristes". Mais fondamentalement, cette attaque militaire qui se prépare, pas plus que les précédentes, n'aura aucun des buts humanitaires dont les dirigeants américains la parent déjà. Il s'agira encore une fois d'une expédition militaire pour permettre aux grandes puissances de rappeler qu'elles sont les maîtresses du monde, pour maintenir envers et contre tout un système économique injuste, odieux, qui accumule la richesse d'un côté, la misère la plus profonde de l'autre, plonge des peuples dans le désespoir, crée et entretient des situations de famine, de guerres civiles, de massacres et d'oppression. Une guerre non pas contre un Ben Laden mais contre les peuples.

Indépendamment même de la raison immédiate - les attentats de New York et Washington - la nouvelle intervention militaire qui se prépare sera une intervention impérialiste, que les travailleurs conscients, qu'ils soient aux Etats-Unis, en Europe ou ailleurs, ne peuvent que combattre.

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