Toulouse : Une justice à deux vitesses14/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1730.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Toulouse : Une justice à deux vitesses

On se rappelle les émeutes qui ont éclaté au Mirail, le quartier sud de Toulouse, en décembre 1998. C'est la mort d'Habib, un jeune d'origine algérienne âgé de 19 ans, qui avait déclenché ces événements. Il avait été tué à bout portant par un policier, alors qu'il tentait de voler une voiture. Après les faits, le policier avait continué sa ronde sans informer sa hiérarchie, et Habib était mort sur le trottoir après s'être vidé de son sang pendant quatre heures, alors qu'aucun centre vital n'avait été atteint.

Pendant trois jours, le Mirail allait être en proie à une grande violence, un grand nombre de jeunes, lycéens ou jeunes travailleurs, ayant choisi cette façon d'exprimer leur ras-le-bol. Au cours de ces émeutes, un jeune avait tiré sur un policier et l'avait blessé au bras. Et c'est rapidement, trois mois après les faits, que le tribunal correctionnel de Toulouse l'avait condamné à une peine très lourde : douze ans de prison ferme, condamnation qu'il est aujourd'hui en train de purger.

C'est en plein été, deux ans et demi après les faits, que le policier ayant tué Habib a été jugé par le même tribunal. Le procureur avait réclamé trois ans de prison avec sursis, et le jugement était en délibéré jusqu'à jeudi dernier. Plusieurs organisations, dont le PCF, la LCR et Lutte Ouvrière, avaient donc appelé à un rassemblement devant le palais de justice pour écouter ce verdict.

Comme on pouvait s'y attendre, le policier n'a été condamné qu'à trois ans de prison avec sursis, et c'est avec colère que la famille de la victime a accueilli le verdict.

Voilà le message que la justice envoie aux jeunes des banlieues. Elle sera impitoyable pour le moindre délit commis par un jeune ; par contre elle sera beaucoup plus compréhensive pour les policiers, y compris quand la faute professionnelle est avérée. Sans parler des hommes politiques qui se font des lois sur mesure pour s'auto-amnistier...

Comment s'étonner ensuite que ces jeunes balancent entre désespérance et révolte aveugle ?

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