Référendum au Sahara occidental : L'ONU soutient ouvertement la monarchie marocaine14/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1730.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Référendum au Sahara occidental : L'ONU soutient ouvertement la monarchie marocaine

Le roi du Maroc, Mohammed VI, dans une récente interview au Figaro, faisait le bilan de deux ans de règne, et déclarait en substance qu'il avait réussi à résoudre la question du Sahara occidental qui empoisonnait l'existence de son royaume depuis vingt-cinq ans.

On comprend mieux sa satisfaction lorsqu'on sait que le référendum sur l'autodétermination du Sahara occidental que l'Onu est censée organiser... depuis janvier 1992, date à laquelle il était initialement prévu, vient une énième fois d'être ajourné. Pressée de trouver une solution politique à ce problème qui perdure, l'Onu n'y est pas allée par quatre chemins, prenant ouvertement parti pour la monarchie marocaine, proposant aux Sahraouis l'autonomie, mais dans le cadre de la souveraineté marocaine. Cela reviendrait à reconnaître de fait l'occupation par le Maroc du territoire sahraoui.

En 1975, profitant du retrait de l'ancienne puissance coloniale espagnole du Sahara occidental, le roi Hassan II lançait son peuple dans une guerre meurtrière et coûteuse pour occuper la région. L'état-major militaire fit alors régner l'arbitraire, assassinant par milliers les opposants sahraouis à l'occupation militaire, condamnant des dizaines de milliers d'autres à vivre en exil dans des camps de réfugiés, en territoire algérien. Depuis, le Front Polisario lutte pour l'indépendance du peuple sahraoui.

Pour régler la question, il avait été envisagé de procéder à un référendum d'autodétermination. La mission des Nations unies, la Minurso, avait été chargée de l'organiser en recensant les électeurs sahraouis : un peu plus de 86 000 inscrits sur les listes électorales provisoires en décembre 1999. De son côté l'Etat marocain, qui s'oppose à une telle consultation, conteste les critères d'identification des électeurs. Il a multiplié les recours administratifs pour faire inscrire parmi les électeurs des tribus marocaines favorables au roi.

Si bien que l'Onu, prétextant le blocage du processus, a tout simplement décidé de repousser le référendum, tout en proposant une "troisième voie", entre l'annexion pure et simple et l'indépendance : celle de l'autonomie. Cette idée n'est pas nouvelle : elle faisait déjà partie des propositions marocaines, en avril dernier.

Une "autonomie" sous contrôle

Dans son projet d'accord-cadre sur le statut du Sahara, James Baker, envoyé spécial de l'Onu, propose que le peuple sahraoui s'occupe de l'administration gouvernementale locale, du maintien de l'ordre, des transports, de l'éducation, de la culture, tandis que le royaume du Maroc exercerait sa compétence exclusive sur les relations extérieures, la sécurité et la défense nationale, le drapeau, la monnaie, les services des douanes. Autrement dit, le Sahara occidental deviendrait la énième province du Maroc.

Au bout de cinq ans, le plan prévoit l'organisation d'un référendum où pourraient voter tous ceux qui auraient résidé en permanence au Sahara l'année précédant la consultation. Cela reviendrait à donner le droit de vote aux militaires et aux fonctionnaires de l'administration marocaine des territoires occupés, qui sont d'ores et déjà plus nombreux que les Sahraouis. Car, depuis plusieurs décennies, le gouvernement marocain a favorisé l'émigration des Sahraouis vers le nord du Maroc, tout en privilégiant la colonisation de la région par des Marocains. Une façon de truquer le futur référendum, s'il avait lieu.

Jusqu'à présent, l'Onu a toujours tergiversé, reconnaissant sur le papier et en paroles le droit à l'indépendance du peuple sahraoui, mais ne faisant absolument rien pour qu'elle se réalise. Cette fois-ci, les choses ont le mérite d'être claires : l'Onu prend ouvertement parti pour la monarchie chérifienne car elle ne veut à aucun prix léser les intérêts d'un pays traditionnellement allié de l'impérialisme dans la région.

L'occupation et le pillage du sahara continuent

L'occupation militaire du Sahara occidental représente pour la monarchie une source de profits. Cette région possède des côtes parmi les plus poissonneuses du monde et surtout un sous-sol riche en minerai de fer et en phosphates (le Maroc est déjà l'un des tout premiers producteurs mondiaux de phosphates)

Dans la proposition de l'Onu, la bourgeoisie marocaine voit "une reconnaissance des droits historiques du royaume sur ses provinces sahariennes". Les nationalistes qui rêvent d'un "Grand Maroc", de Tanger aux rives du fleuve Sénégal, au sud, et jusqu'à Tindouf, à l'est, crient déjà victoire. Le Front Polisario a protesté contre un plan qui "entérine l'occupation illégale du territoire sahraoui".

Face aux intérêts de l'allié régional de l'impérialisme, le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ne pèse pas lourd aux yeux de l'Onu.

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