Les patrons de Moulinex ne sont pas des inconnus, et leurs méthodes non plus.

Avant d'acheter Brandt électroménager en 1992 et Moulinex en 2000, les frères Nocivelli avaient fait main basse, en 1989, sur l'entreprise Chaffoteaux et Maury, à Saint-Brieuc, fabricant de chauffe-eau et de chaudières.

Présentés à l'époque comme les "sauveurs de la dernière chance" pour l'entreprise alors en difficulté, ces capitalistes italiens, à la tête d'un groupe nommé ELFI, s'étaient surtout distingués par leur âpreté au gain.

Produire toujours plus à moindre coût pour dégager d'importants bénéfices fut leur ligne directrice pendant les huit ans au cours desquels ils ont dirigé l'entreprise. Suppressions d'emplois (plus de 400 les trois premières années), augmentation des cadences, flexibilité des horaires ou recours au chômage partiel payé par les fonds publics, furent les méthodes de choc utilisées contre les travailleurs.

Les nouveaux actionnaires de l'entreprise prétendument déficitaire et criblée de dettes (500 millions de francs en 1989), les nouveaux actionnaires annonçaient fièrement le retour des bénéfices dès 1990 avec 78 millions de francs et 83 millions pour 1991.

S'octroyant chaque année de très confortables dividendes tout en maintenant la modération salariale pour les travailleurs, les frères Nocivelli ont revendu Chaffoteaux, devenu très rentable, au groupe allemand Preussag en 1997. Ils auraient réalisé au passage une énorme plus-value de 787 millions de francs, soit le salaire annuel de près de 10 000 salariés payés 7 000 F par mois.

Racheter à bas prix des entreprises en difficulté, les restructurer en n'hésitant pas à tailler à vif dans les effectifs, pour les revendre ensuite en empochant des bénéfices, telles sont les méthodes de ces prédateurs.