La sécurité : Un enjeu démagogique pour les politiciens de tout bord14/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1730.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La sécurité : Un enjeu démagogique pour les politiciens de tout bord

Les politiciens, qu'ils soient de droite ou de gauche, en train de se placer pour l'élection présidentielle prochaine, y vont chacun de leur discours sécuritaire, assaisonné d'une bonne dose de démagogie, jouant sur les sentiments d'une opinion publique inquiète de la "montée de la délinquance" et des problèmes de sécurité.

Parmi les axes de cette campagne, les appels à la répression figurent en bonne place. Après les couvre-feux pour les jeunes, décidés cet été dans certaines villes, à droite Chirac défend l'idée de la "tolérance zéro", qui impliquerait un quadrillage policier omniprésent et une répression immédiate et sans indulgence, quel que soit le délit. Madelin veut créer des établissements spécialisés pour les délinquants mineurs et Jean-Louis Debré demande que l'âge de la détention provisoire soit abaissé à moins de treize ans. A gauche, le discours n'est guère différent, même si le fait d'être au gouvernement impose des propos plus mesurés. Préfets et procureurs sont appelés à coopérer plus qu'ils ne le font. La ministre de la Justice, Marylise Lebranchu, entend "mettre sous tension la chaîne pénale" afin d'accélérer et de renforcer les sanctions. Daniel Vaillant, ministre de l'Intérieur, appelle à la multiplication de la télésurveillance, consistant à installer des caméras vidéos dans les endroits dits sensibles..., caméras qui possèdent peut-être un pouvoir de dissuasion, qui permettent au personnel de surveillance de suivre en direct une agression mais ne lui permettent pas de l'empêcher.

Ces dernières années, si la hausse de la délinquance s'est poursuivie, elle l'a fait indépendamment de la couleur politique des gouvernements qui se sont succédé comme de celle des ministres de l'Intérieur. Car cette poussée de la délinquance a des raisons profondes, sociales, devant lesquelles les gouvernements, quels qu'ils soient, ne font rien. Car agir, cela voudrait dire s'attaquer directement à la toute-puissance du patronat. Ni les uns ni les autres ne veulent donc s'attaquer aux racines du mal.

Pour enrayer cette montée de la délinquance, il faudrait y consacrer les moyens financiers nécessaires et commencer par s'en prendre aux mauvaises conditions de vie, de logement, d'éducation, de transports, etc., sans parler bien sûr de la nécessité de faire reculer rapidement et massivement le chômage.

Les immeubles qui se dégradent dans des quartiers entiers laissés à l'abandon et transformés en véritables ghettos de la misère, la disparition des services publics, le personnel insuffisant (quand il n'est pas carrément inexistant) dans les trains et les gares de banlieue, dans les métros, le manque de personnel dans les écoles et les lycées, sont autant de facteurs qui contribuent au fait que l'incivilité et l'insécurité prennent de plus en plus d'ampleur, faisant grandir du même coup l'inquiétude de la population, à commencer dans les quartiers où vit la population laborieuse. Il faudrait s'attaquer à tous les facteurs de pauvreté, et en particulier bien sûr au chômage, si ceux qui parlent si fort de l'insécurité étaient réellement animés d'une volonté de la faire reculer.

Au lieu de cela, les gouvernants passés, présents comme futurs, multiplient les effets d'annonce. Quand ils prennent des mesures, il s'agit de mesures ponctuelles, qui ne font que déplacer les problèmes, et toujours vers les quartiers les plus pauvres des villes. Une façon pour eux de s'en débarrasser, quitte à exploiter la situation au profit de leurs ambitions électorales.

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