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- Lutte ouvrière n°1729
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Dans les entreprises
Renault-Sovab Batilly(54) : Des centaines de licenciements qui ne disent pas leur nom
De 950 intérimaires en décembre dernier, il n'en reste plus que 301 aujourd'hui et il n'en restera que 150 au 1er octobre ; en moins d'un an, le nombre d'intérimaires à l'usine Renault-Sovab de Batilly (nous sommes près de 3 000 qui fabriquons les utilitaires Master et Mascott) aura donc diminué de 800, ce qui est loin d'être compensé par les 250 embauches.
Le prétexte officiel de ces suppressions d'emplois est la baisse de commandes. Le 29 août, la direction de la Sovab a ainsi annoncé une nouvelle baisse de cadences de 30 véhicules Master par jour à compter du 1er octobre. La production ayant déjà diminué de 30 véhicules au retour de congés, elle va donc redescendre à 380 Master par jour, la production de Mascott restant, elle, à 50 véhicules. Tout à fait imprévue, cette baisse de commandes serait due en partie à la mise sur le marché du nouveau Trafic produit par Renault en Grande-Bretagne. C'est dire que le groupe Renault n'y perd rien puisqu'il gagne en ventes de Trafic ce qu'il perd en ventes de Master.
Un « équilibrage » qui ne passe pas
En rentrant de congés, nous avons donc eu un nouvel « équilibrage », tous les postes de travail sur les chaînes ayant été recalculés et réorganisés à la faveur de la baisse de production. La direction profite de la diminution de cadences pour recalculer la charge de travail de chaque poste et en supprimer le plus possible. Cela ne s'est pas passé sans heurts. Par exemple, deux secteurs du Montage, le GMP et la ligne-sol (représentant une cinquantaine de travailleurs par poste), ont débrayé, avec l'appui des militants syndicaux des secteurs en question, dès le retour des congés. La direction y supprimait respectivement quatre et cinq postes. A nous de nous débrouiller pour produire !
Les grévistes réclamaient un poste de plus en ligne-sol et deux au GMP ainsi que le paiement des heures de grève et des excuses d'un contremaître les ayant traités de « vandales ». Du mercredi 22 au jeudi 30 août, au Montage, la production a été réduite d'un bon tiers, la direction essayant de faire faire le travail par des chefs, mais elle a eu bien du mal à trouver des volontaires. Les débrayages ont touché les trois équipes, une équipe allant jusqu'à faire grève deux postes de suite.
Une intransigeance totale
Face à ces débrayages, la direction a été d'une intransigeance totale, ne voulant pas ouvrir une brèche car c'est dans de nombreux secteurs que la charge de travail est trop lourde. Mais comme les problèmes se posent secteur par secteur, bout de chaîne par bout de chaîne, certains s'en sortant mieux que d'autres, une réponse d'ensemble n'était pas dans les esprits.
Par ailleurs, le Comité d'entreprise exceptionnel du 29 août annonçant un nouvel équilibrage au 1er octobre, la suppression de 150 intérimaires et le gel des embauches, a fait l'effet d'une douche froide. D'autant que la direction laisse planer la menace de la suppression de l'équipe de nuit (après avoir supprimé les équipes SD en tôlerie) avec un plan « social » pour le début de l'année si les commandes ne remontent pas.
Il y a sans doute une part de bluff de la direction qui vise à faire accepter en douceur le départ des intérimaires et l'augmentation de charge de travail de ceux qui restent. La baisse des commandes lui sert de prétexte pour diminuer les prix de revient en fabrication, c'est-à-dire augmenter la part des actionnaires de Renault.
En tout cas, elle se montre très agressive comme en témoigne le licenciement pour faute grave d'un ouvrier combatif du Mastic. Ce licenciement injustifié suscite une grande émotion dans l'usine et les trois postes du Mastic ont débrayé, à l'appel de la CGT et de FO, le 4 septembre, son équipe faisant grève tout le poste. Et l'idée d'une riposte à l'échelle de l'usine fait son chemin.