RATP – Réseau bus (Région parisienne) : « faire du chiffre »… ou transporter les usagers ?07/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1729.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP – Réseau bus (Région parisienne) : « faire du chiffre »… ou transporter les usagers ?

Au mois d'août quelques dépôts d'autobus de la RATP ont rajouté des bus sur certaines lignes.

Ce n'est pas que la direction ait été plus sensible que d'ordinaire aux attentes importantes des usagers entre deux bus durant la période estivale, puisque son souci principal était de rattraper un peu les mauvais chiffres du réseau routier sur les six premiers mois de l'année, en faisant faire des kilomètres à ces quelques bus supplémentaires.

C'est que la RATP a aussi contractualisé en kilomètres le service prévu de bus avec le syndicat des transports d'Ile-de-France, le STIF, qui est l'organisme régional organisant les transports en commun, avec lequel la RATP négocie pour la première fois cette année un contrat portant sur un niveau de service et de recettes en échange de la subvention régionale.

Par exemple, dans Paris intra-muros, la perte de kilomètres tolérée est de 4 % par rapport au contrat, et de 2 % pour les lignes de la banlieue. Cette différence s'explique à la fois par la circulation difficile dans Paris, et par l'attente plus importante sur les lignes de banlieue où il y a des horaires de passage affichés sur les arrêts, d'où la tolérance un peu moins large de 2 %.

Si la RATP dépasse les objectifs du contrat, elle perçoit davantage de recette, et inversement si elle n'atteint pas les objectifs.

Or il se trouve que les chiffres de kilomètres parcourus par les bus sur les six premiers mois dans Paris sont mauvais, bien plus du fait de manque de personnel pour conduire les bus prévus, que des problèmes de circulation.

Il en effet fréquent que des bus soient supprimés sur diverses lignes parce que l'effectif des conducteurs est tellement calculé à l'économie qu'il ne permet pas le remplacement normal des conducteurs en vacances, repos, inaptitude provisoire à la conduite pour des raisons médicales, etc.

La direction a donc voulu profiter du fait que quelques dépôts parmi les vingt-trois existants (où travaillent un total de dix mille conducteurs de bus) avaient accordé moins de vacances en août, et qu'ils disposaient ainsi provisoirement d'un peu plus de chauffeurs, pour rajouter des bus supplémentaires, avec l'objectif avoué de leur faire faire du kilomètre, puisque cela roule un peu mieux dans Paris au mois d'août.

Bien sûr, ces « suppléments » sur quelques lignes n'étaient pas de trop, car le service est réduit en été et les usagers en ont un peu bénéficié. Mais dans le même temps bien des lignes de dépôts sans marge de personnel ont roulé avec des bus en moins que le service prévu, notamment en banlieue, à Saint-Denis par exemple.

Et puis cela donne une petite idée sur la crédibilité des chiffres, sur la contractualisation censée garantir plus d'efficacité pour les usagers, et sur l'autofélicitation dont la direction est coutumière concernant la « réalisation des objectifs ». Les travailleurs de la RATP savent bien, eux, que sans moyens supplémentaires, tout cela n'amène que l'aggravation des conditions de travail : moins de pauses, voire pas de pause du tout, au terminus pour obtenir plus de kilomètres parcourus dans une journée de travail.

Alors le problème, c'est toujours que le gouvernement comme la région Ile-de-France n'augmentent pas les effectifs des travailleurs dans les transports en commun, tout en prétendant vouloir encourager leur utilisation face à la voiture individuelle.

Pour cela il faudra nous mobiliser et imposer une embauche massive dans les transports en commun.

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