À propos de Moulinex : Un secrétaire d’état… aux industriels07/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1729.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

À propos de Moulinex : Un secrétaire d’état… aux industriels

Tandis que les salariés des usines Moulinex d'Alençon et de Cormelles-le-Royal, en Normandie, multiplient les actions contre la décision de leur direction de fermer les deux usines du groupe situées sur ces sites, le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Christian Pierret, fait semblant - bien tardivement - de se pencher sur leur sort.

Il explique, dans une interview publiée dans Le Monde du 4 septembre, que le gouvernement fera tout pour... inciter les grandes entreprises publiques et privées à embaucher ceux que Moulinex projette de jeter à la rue. Inciter, nullement contraindre, ni les dirigeants de ces entreprises ni ceux de Moulinex. La contrainte, c'est bon pour les travailleurs, et pour eux seuls, qui n'auront pour seul choix que, soit se retrouver au chômage, soit être contraints de déménager, s'ils trouvaient à s'embaucher ailleurs, ce qui implique, selon les propos du secrétaire d'Etat lui-même, que ces salariés « acceptent une certaine mobilité » géographique, mais aussi une mobilité - vers le bas - de leur salaire.

Moulinex étant « une entreprise privée », prend soin de préciser notre sous-ministre socialiste, « il appartient à ses dirigeants de déterminer leur stratégie. C'est à eux de comprendre que la société s'est endormie sur ses lauriers, qu'elle n'a pas assez eu recours à l'innovation ». Mais il s'empresse d'ajouter que cette entreprise privée ne sera pas privée... du soutien de l'Etat... « Je donne l'assurance que la puissance publique peut l'accompagner dans cet effort (d'innovation) ». En la matière, notre sous-ministre ne fait guère preuve d'originalité en proposant un nouvel arrosage des actionnaires de Moulinex, qui ont, comme nombre de leurs congénères, eu plusieurs fois l'occasion de bénéficier des attentions sonnantes et trébuchantes de l'Etat. Les entreprises qui suppriment des emplois connaissent bien la recette. Moulinex en premier, qui n'en est pas à son premier plan dit social, donc à sa première subvention pour suppression d'emplois.

Quand un membre du gouvernement socialiste fait mine de s'intéresser au sort des salariés - dans un souci électoraliste difficile à faire oublier - il se préoccupe avant tout du sort des actionnaires et des dirigeants d'entreprises, qui n'ont pourtant nul besoin qu'on leur rappelle qu'il leur appartient « de déterminer leur stratégie »... y compris quand cette statégie consiste à réduire les emplois.

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