Nantes : Sans-papiers en lutte pour la régularisation07/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1729.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Nantes : Sans-papiers en lutte pour la régularisation

En juin 1998, une cinquantaine de sans-papiers, essentiellement africains, se sont installés dans les locaux de la Bourse du travail de Nantes avec l'aide et sous la protection de la CGT. Disposant d'une grande salle et d'une cour, ces locaux peu adaptés, vétustes et sans confort (une seule douche et quelques lavabos) ont néanmoins servi pendant trois ans de refuge et d'asile à tous les sans-papiers et demandeurs d'asile débarquant à Nantes. Ils sont à présent une centaine de toutes les nationalités, dont beaucoup d'Algériens, à occuper ces locaux de la Bourse dans des conditions qui ne cessent d'empirer.

Pour les demandeurs d'asile, qui ne cessent d'affluer, souvent des familles avec de jeunes enfants, les pouvoirs publics doivent normalement les prendre en charge, leur assurant le gîte et le couvert en attendant que leur dossier soit examiné. Cela prend des mois, car la préfecture manque de personnel et les demandes sont nombreuses. En attendant, ce sont les associations débordées qui prennent en charge et nombre de ces personnes, lasses d'attendre un logement, finissent par se retrouver à la Bourse. Il n'y a pas de CADA (Centre d'accueil pour les demandeurs d'asile) à Nantes et les places au Samu social et dans les foyers d'hébergement sont insuffisantes.

Depuis trois ans, la mairie et les pouvoirs publics sont au courant de cette situation mais ils l'ont laissée pourrir. Un collectif regroupant diverses associations et mouvements s'est créé pour défendre les sans-papiers et les sans-papiers eux-mêmes ont créé leur propre association « Sans papiers, sans droits ».

Ce qui a changé les choses est le fait que la CGT ainsi que tous les syndicats occupant la Bourse ont déménagé fin août dans une maison des syndicats toute neuve et qu'il n'était pas possible d'emmener dans les cartons une centaine de sans-papiers !

Ceux-ci se retrouvent donc jusqu'au 15 septembre encore à la Bourse, toujours sous la protection de la CGT qui s'est engagée à les soutenir jusque-là.

Face à cette situation, les manifestations de soutien aux sans-papiers, devant la mairie, à la préfecture, ont pris de l'ampleur ces derniers mois. Les entrevues se sont multipliées entre les associations et les pouvoirs publics. Et pour maintenir la pression, les sans-papiers campent depuis le 20 août sous une grande toile de tente dans un square face à la mairie. Ils sont là jour et nuit, reçoivent de nombreux soutiens, font signer la pétition nationale réclamant leur régularisation, convoquent la presse, organisent des réunions et débats et, le beau temps aidant, cela met de l'ambiance.

Il semble que cette mobilisation ait réussi à faire bouger un peu les choses. Il en ressort à présent que les quatre-vingt-sept personnes qui étaient à la Bourse vont pouvoir bénéficier d'un relogement dans des logements mis à leur disposition par la mairie, du moins pour ceux disposant de papiers provisoires (les demandeurs d'asile).

Les sans-papiers, eux dont l'existence légale n'est pas reconnue, seront relogés dans un bâtiment appartenant à l'évêché en centre-ville. Façon jésuite et peu glorieuse pour une municipalité de gauche et un gouvernement socialiste de s'en remettre aux curés pour régler les problèmes !

Enfin un CADA devrait être construit en 2002 à Nantes pour faire face aux besoins.

Mais tout ceci ne règle en rien les problèmes de fond. Déjà, de nouveaux demandeurs d'asile, arrivés depuis le blocage de la liste à quatre-vingt-sept, demandent eux aussi un logement. Enfin et surtout, les demandeurs d'asile savent qu'ils sont des sans-papiers en puissance vu le nombre important de dossiers qui sont rejetés. Que deviendront-ils à ce moment-là ? Pourront-ils toujours bénéficier des logements de la mairie ? Celle-ci se garde bien de répondre là-dessus.

Alors la question à l'ordre du jour est bien celle de la régularisation de tous les sans-papiers. Mais à la veille d'échéances électorales importantes, ce gouvernement de gauche plurielle, dont le maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, est un des représentants en tant que président du groupe socialiste à l'Assemblée, ne veut surtout pas, par pleutrerie devant la droite et un électorat réactionnaire, prendre la seule décision politique qui s'impose ! Ayrault a, paraît-il, plaidé auprès de Jospin la cause des raveurs, mais il reste muet pour défendre les sans-papiers !

En attendant, il n'en a pas fini avec les sans-papiers de Nantes.

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