La Poste - Chèques postaux (Bordeaux) : Travaux, attention danger !07/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1729.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste - Chèques postaux (Bordeaux) : Travaux, attention danger !

Depuis plus d'un an, l'immeuble Georges-Bonnac qui se trouve en plein centre de Bordeaux est en pleine rénovation. Cet immeuble de 45 000m2, construit dans les années 1970 et où travaillent environ mille six cents postiers, comprend le Centre régional des services financiers (CRSF), le Centre de distribution des facteurs et le bureau de poste principal de Bordeaux.

Au départ, cet immeuble devait être vendu, mais la découverte d'amiante sous forme de flocage sur environ un quart de l'immeuble et principalement confiné dans les faux plafonds a contraint La Poste à engager de gros travaux de désamiantage. Finalement, La Poste a décidé de rénover l'immeuble tout en lui donnant une capacité d'accueil de deux mille personnes afin de le rentabiliser. Les travaux ont débuté en juin 1999 et devaient durer trois ans. Mais pour d'évidentes raisons financières, la direction de La Poste a fait le choix de faire les travaux sans faire déménager le personnel, qui depuis deux ans travaille donc au milieu des travaux de plus en plus envahissants.

Aujourd'hui, la direction veut faire croire que c'est le choix des travailleurs du centre qui a été respecté. Il n'en est rien car, à l'époque, c'est elle-même qui a fait toute une propagande pour expliquer que les employés avaient intérêt à rester sur place, qu'ils ne subiraient aucune nuisance, qu'ils ne verraient même pas un ouvrier et que la démolition se ferait avec les techniques les plus modernes, au laser...

Pour le personnel de La Poste, plus les choses avancent, plus les problèmes se font sentir sur leurs conditions d'hygiène, de santé et de sécurité au travail, d'autant plus que, si au départ les travaux se faisaient de nuit, aujourd'hui, suite à une plainte des riverains, ils se font de jour, pendant les heures travaillées des postiers.

Et depuis plus d'un an, les incidents se multiplient et l'immeuble ressemble de plus en plus à un navire à la dérive. En mai 2000, une canalisation de gaz non répertoriée a été accrochée par l'entreprise de démolition, ce qui a provoqué une importante fuite nécessitant l'évacuation totale de l'immeuble. Le lendemain, les poussières ont provoqué de nombreuses pannes électriques provoquant l'arrêt des ascenseurs entre deux étages. Par la suite, c'est le chantier de désamiantage qui a posé certains problèmes : ouvrier intervenant sur un flocage sans en être averti, règles de sécurité et de ventilation non respectées...

Cet été, la dégradation des conditions de travail des postiers a passé un premier cap. Les travaux, qui au départ se situaient dans les sous-sols, se rapprochent désormais des zones de travail des employés de La Poste. Les nuisances que subissent les employés se sont donc intensifiées : bruit, poussières, pannes d'ascenseurs, inondations, ruptures de canalisations dues au manque de prévention et de coordination des travaux se sont multipliés.

Même là où les travaux sont finis, les conditions de travail sont déplorables : à la distribution, les facteurs ont déménagé dans leurs nouveaux locaux, en sous-sol, le 25 juin. Aucun système d'aération ne fonctionnait. Il a fallu attendre le 9 août pour que celui-ci devienne opérationnel, et encore, sans le système de réfrigération qui ne devrait pas fonctionner avant 2002. Lors des grosses chaleurs, nous avons dû travailler avec des températures ambiantes de près de 30°. Et pour ce qui est du fonctionnement du chauffage cet hiver, nous n'avons aucune garantie de la part de la direction qui reste maintenant prudente et reconnaît « avoir été hors jeu » sur tous ces problèmes cet été.

Hors jeu est le moins que l'on puisse dire. Car la volonté de la direction d'accélérer coûte que coûte les travaux crée des conditions dangereuses, voire criminelles pour les employés de La Poste et pour les travailleurs des entreprises de démolition. Par exemple, le 23 août, une visite de chantier imposée par le CHS-CT du CRSF a révélé que des ouvriers des entreprises de démolition travaillaient sous une bande de flocage d'amiante non stabilisé et très dégradé, c'est-à-dire dans l'état le plus dangereux. Sans cette visite inopinée, les choses seraient restées en l'état, mettant en danger la vie de ces travailleurs !

Quant aux conditions de travail des employés de La Poste, l'automne s'annonce pire que l'été. Au milieu du bâtiment, il y a un énorme escalier central dont la démolition doit commencer le 3 octobre et devrait durer un an. La démolition qui devait être « chirurgicale » (au laser) va se faire maintenant, pour des raisons d'économies, au marteau-piqueur, malgré des tests de bruit qui ont révélé que de tels travaux dans le bâtiment allaient générer des niveaux sonores de 100dB (à 85dB, il y a risque de lésions auditives). Aujourd'hui, après deux années de travaux, le chantier a déjà un an de retard et le budget initial de 250 millions de francs a plus que doublé. Certains en annoncent le triplement. Du coup, les responsables de La Poste veulent faire avancer le chantier au plus vite et aux moindres coûts, mettant par là en péril la santé et la sécurité des postiers.

Les employés du centre, de plus en plus inquiets du déroulement de ces travaux qui entrent pour un an dans une des phases les plus actives, devront ne pas se laisser faire. La direction prouve tous les jours qu'elle n'a que faire de notre santé comme de celle des ouvriers du chantier. Ce sera à nous de lui faire ravaler un tel mépris pour notre vie.

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