« S'il doit y avoir des réajustements de prix, ils ne doivent pas se faire durant la période de basculement à l'euro ». Voilà ce que déclarait il y a quelques mois Laurent Fabius, ministre de l'Economie et des Finances. Qu'à cela ne tienne, fabricants et distributeurs ont commencé à appliquer les «réajustements» bien avant cette date. Résultat, depuis plusieurs mois, les prix de très nombreux produits flambent littéralement.

Une étude réalisée par le magazine 60 millions de consommateurs et portant sur des produits de grande consommation a ainsi relevé des hausses de prix pouvant atteindre près de 30 % sur un an (de juin 2000 à juin 2001). Lessives, lait, shampooing, beurre, farine, pâtes... tout ce qui constitue l'essentiel des achats des familles populaires y passe. Les prix des produits de boulangerie ont aussi grimpé de plus de 7 % sur un an.

Une autre étude, réalisée cette fois par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, aboutit à ce même constat : il faut débourser aujourd'hui parfois des centaines de francs en plus chaque mois, pour des produits de base souvent indispensables.

Fabius a beau répéter avec culot que l'inflation reste maîtrisée, il a été obligé de reconnaître cette valse des étiquettes. Mais pas question pour lui comme pour le gouvernement de prendre une quelconque mesure coercitive. Fabius propose de développer... « la vigilance ». Avec ça, les capitalistes, petits et grands, qui prennent prétexte de l'euro pour racketter littéralement les consommateurs vont sûrement avoir peur...