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- Lutte ouvrière n°1728
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Leur société
Opération anti-OGM : Si seulement en fauchant le maïs transgenique on fauchait aussi les profits des multinationales...
Après avoir arraché des plants de maïs transgénique dans le Gard, des militants anti-OGM d'Attac, des Verts et de la Confédération Paysanne - le syndicat paysan dirigé par José Bové - ont détruit de nouveaux champs de maïs transgénique, dans la Drôme et dans le Gers.
Les plants de maïs étaient expérimentés en plein air pour le compte de deux géants de l'agro-alimentaire, la firme américaine Monsanto et la firme française Biogemma, dont l'actionnaire principal est Limagrain, quatrième semencier mondial.
On peut tout à fait comprendre les inquiétudes de ceux qui dénoncent les conséquences pour la santé publique de la façon dont sont menées certaines recherches agricoles. Dans ce cas précis, des manifestants contre les OGM ont expliqué que la dissémination incontrôlée des semences de maïs transgénique entraînait un "risque de pollution génétique", dont personne ne peut dire en l'état actuel des connaissances s'il ne serait pas nuisible.
L'inquiétude apparaît d'autant plus justifiée que les recherches visent avant tout à conquérir des marchés ou à les assurer face à la concurrence internationale. Monsanto a d'ailleurs utilisé le résultat de recherches antérieures pour rendre stériles certaines semences de plantes vivrières qu'elle commercialise partout dans le monde. Les fermiers sont alors contraints, chaque année, de racheter des semences et Monsanto s'assure ainsi de nouveaux et considérables profits.
Face à cela, Jean Glavany répond qu'il faut distinguer entre public et privé, que les plants de maïs qui ont été arrachés avaient reçu l'autorisation des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, qu'ils n'avaient donc aucun caractère dangereux. Le ministère de la Recherche ajoute pour sa part que la destruction des plants en question ne peut que freiner une recherche indispensable pour aider les pays sous-développés à sortir de la famine et de la malnutrition. Comme on aimerait pouvoir les croire.
Dans la société capitaliste, les organismes publics n'échappent pas au fonctionnement du système et restent au service des intérêts du grand patronat, c'est-à-dire des profits envisageables. Certes, bien des recherches menées peuvent avoir des retombées bénéfiques. C'est le cas, par exemple, pour l'amélioration des semences, rendues moins sensibles aux parasites et nécessitant donc moins de traitements et de pesticides ; ou encore de la production à partir de végétaux de molécules thérapeutiques peuvent être utilisées en médecine, contre certaines maladies.
De même, le développement de la productivité agricole pourrait non seulement soulager le travail de millions de paysans mais encore permettre l'abondance des aliments et supprimer les famines partout dans le monde. Seulement, entre les mains des multinationales de l'agro-alimentaire, l'augmentation de la productivité devient un simple instrument de la course au profit.
C'est évidemment le droit de ceux qui pensent qu'il y a des risques (réels ou pas) à répandre dans la nature des grains génétiquement modifiés, de réclamer qu'on prenne le temps de tout étudier auparavant sans céder à l'impatience des grandes firmes de l'agro-alimentaire qui ont, elles, bien d'autres motivations.
Mais une telle attitude ne doit aucunement impliquer le refus de la recherche. C'est pourquoi le problème n'est pas dans le refus ou la destruction des plants de maïs, de riz ou d'autres cultures transgéniques en France ou ailleurs, mais dans une réorganisation économique qui permettrait à l'humanité de contrôler toutes ses productions, y compris dans les domaines alimentaires, y compris dans celui de la recherche scientifique.