Multiplication des plans de licenciements : Tous ensemble, préparons la riposte !31/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1728.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Multiplication des plans de licenciements : Tous ensemble, préparons la riposte !

Ce lundi 27 août, 1 405 employés d'AOM-Air Liberté ont été définitivement jetés à la rue.

Depuis des semaines la presse ou la télévision s'étaient efforcées de nous présenter le plan de reprise d'AOM-Air Liberté par une nouvelle compagnie, Holko, comme la solution miracle. Le ministre des transports, le communiste Gayssot, s'est fait le principal promoteur de l'opération. Les syndicalistes d'AOM eux-mêmes ont fini par s'y rallier, sous prétexte qu'on ne leur laissait le choix qu'entre ce projet et un autre prévoyant plus de licenciements immédiats. C'était un marché de dupes !

Seillière et la compagnie Swissair, les deux actionnaires d'AOM-Air Liberté, s'en tirent à bon compte. Après avoir fait quelques bonnes affaires avec ces compagnies aériennes privées, ils ont mis les clés sous la porte quand elles ne leur ont plus paru assez rentables. Ils en laissent les dettes au repreneur. Et ce sont les syndicalistes qu'on a chargés d'établir la liste des licenciés !

Les licenciés partent pour la plupart avec des indemnités dérisoires et seulement la promesse de reprise à Air-France d'une partie du personnel navigant (avec de lourdes pertes de salaire) ou celles de quelques embauches à la SNCF ou la RATP dont personne ne connaît encore ni les conditions ni le nombre. Quant à ceux qui gardent pour l'instant leur emploi, rien ne leur garantit que la nouvelle compagnie, endettée dès sa naissance, ne va pas capoter sous peu.

Le gouvernement, qui a aidé les patrons d'AOM à se tirer d'affaire, s'en réjouit : un conflit social de bouclé (du moins l'espère-t-il) à la veille d'une rentrée sociale qui pourrait être chaude. Car les travailleurs de Lu-Danone, Marks & Spencer, Bata, Mossley et bien d'autres menacés de licenciements sont toujours là, et ont saisi plusieurs occasions cet été de se manifester.

Et les annonces de nouveaux plans de licenciements ont continué à tomber. Brandt a confirmé sa décision de fermer les usines Moulinex dans l'Orne, le Nord et le Calvados : 1 500 licenciements à la clé. Valéo veut fermer deux de ses usines, avec plus de 600 licenciements et l'équipementier américain Delphi son usine d'Andé, dans l'Eure, qui emploie 275 personnes. Delphi prévoit 11 500 emplois dans le monde. Les trusts de l'électronique et la téléphonie sont de la partie : Alcatel entend se débarrasser, mise en vente ou fermeture, d'une demi-douzaine d'usine en France et 50 dans le monde ; Philips prévoit 1 200 licenciements en France et 4 000 dans le monde ; Hyghwave a annoncé 500 licenciements en France et Lucent 550. Ce dernier trust prévoit entre 15 000 et 20 000 suppressions d'emplois dans le monde.

Quant au gouvernement il n'est pas de reste puisque, dans les transports routiers déjà touchés par les licenciements chez Grimaud, la Sernam, filiale de la SNCF, a décidé de fermer en septembre plusieurs agences, supprimant 120 emplois. En bref, plus de 30 plans de licenciements annoncés, et 14 000 emplois menacés en cette seule rentrée.

Elisabeth Guigou, la ministre de l'emploi, a qualifié ce nombre d'"impressionnant". Mais elle prétend que sa loi, votée en juin dernier, va "améliorer la situation" en donnant aux salariés, ou plutôt aux syndicats, "la possibilité de proposer des alternatives aux projets de restructurations". Des alternatives pipées, comme à AOM ?

Il n'y a que la riposte d'ensemble qui peut mettre un coup d'arrêt à cette offensive patronale et interdire les licenciements. Que nous soyons dans une des entreprises directement touchées ou dans celles qui pourraient l'être demain, nous sommes tous concernés. En juin, avec ceux de LU, les travailleurs de plusieurs entreprises menacées de licenciements avaient pris l'initiative d'une première manifestation nationale contre les licenciements. C'est dans cette voie qu'il faut poursuivre. C'est la riposte d'ensemble de tous les travailleurs qu'il faut préparer.

Editorial des bulletins d'entreprise l'Etincelle du lundi 27 août 2001

Lutte Ouvrière no 1728 - 31 août 2001 p.8

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