L'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) a récemment publié une étude sur la différence entre les salaires net mensuels des hommes et ceux des femmes, dans le secteur privé et semi-public. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on est loin de l'égalité salariale : le patronat continue de régner en divisant !

L'étude est détaillée, mais ce sont les chiffres globaux qui sont les plus significatifs des inégalités. Au début des années 1990, en prenant en compte tous les premiers emplois dont la durée a excédé six mois, le salaire d'embauche moyen des hommes était supérieur à celui des femmes de 22,2 %. Vingt ans plus tôt, au milieu des années 1970, cette différence n'était que de 14,7 %. Par contre, cinq ans plus tard, l'écart est passé de 22,2 % à 25,6 %.

Ces chiffres mélangent tous les types d'emplois. Or, l'étude de l'Insee analyse également ce qui se passe dans le cas d'un premier emploi comparable. Le salaire d'embauche ne diffère dans ce cas "que" de 8,5 %. Seulement cinq ans plus tard, la différence a été multipliée par plus de trois et elle atteint 21,9 %.

Le travail à temps partiel est une des causes essentielles de l'accroissement de ces inégalités. Au début des années 1990, plus d'un tiers (35,2 %) des premiers emplois obtenus par des femmes étaient des emplois à temps partiel. Aujourd'hui, 85 % des salariés à temps partiel sont des femmes.

Les auteurs de l'étude semblent justifier cette situation en écrivant que "certaines femmes, grâce au temps partiel, concilient mieux vie professionnelle et vie familiale". Mais ils sont obligés d'admettre juste après que "53 % des femmes salariées de moins de 26 ans occupant un emploi à temps partiel (...) souhaitent travailler davantage". Et lorsqu'on sait ce que sont la plupart de ces emplois à temps partiel, dans la grande distribution, les entreprises de nettoyage ou la restauration rapide par exemple, vu les horaires de ces métiers où on travaille souvent tôt le matin et tard le soir voire la nuit avec un énorme trou en milieu de journée, on ne voit pas trop quels avantages concernant la vie de famille ces emplois pourraient apporter. Et toute cette étude ne traite pas de la deuxième journée de travail que doivent assumer la plupart des femmes lorsqu'elles rentrent chez elles.

Un des précurseurs du socialisme, Fourier, énonça au début du xixe siècle, que l'émancipation générale d'une société se mesurait au degré d'émancipation des femmes. Au regard de cette étude, le capitalisme fait reculer la société.