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Leur société
Des licenciements que le gouvernement laisse faire
Lundi 27 août, les salariés de Moulinex à Alençon occupaient leur usine. Les 300 salariés de l'usine de Cormelles-le-Royal, dans la banlieue de Caen, avaient débrayé trois jours auparavant, et manifesté devant la préfecture du Calvados.
Le PDG de l'usine Moulinex a annoncé, en effet, le jeudi 23 août, la fermeture des deux usines d'Alençon et de Cormelles-le-Royal, justement. Cela veut dire, pour une même région, près de 1 700 emplois menacés. Les salariés de l'usine textile d'Hellemmes, de leur côté, qui occupent l'usine depuis deux mois, continuaient à manifester, vendredi 24 août, devant le tribunal de grande instance de Lille.
Trente trois entreprises s'apprêtent à supprimer 14 000 postes de travail, et ce décompte n'est pas complet car la liste des entreprises qui licencient ne cesse de s'allonger. Il y a AOM, Danone, Marks et Spencer, Philips avec la suppression de 1 200 emplois en France, Valéo avec la fermeture des usines de Vire dans le Calvados et de Cahors dans le Lot, André avec le projet de fermeture de 110 magasins et la suppression de 450 postes, Bata avec la mise en cessation de paiement de l'usine de Moussey en Moselle, une usine de 875 salariés, et aussi Lucent, Dim, Case, ou encore Jouef.
Vendredi 24 août, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou, a reconnu sur France Inter que le nombre de plans sociaux était "impressionnant". Mais elle est bien sûr "convaincue" que le projet de loi de modernisation sociale "va améliorer la situation parce qu'il donnera la parole aux salariés dans les entreprises et la possibilité de proposer des alternatives aux projets de restructuration".
Mais cette loi n'empêchera pas un seul licenciement. Sa seule innovation est de permettre au Comité d'entreprise de saisir un médiateur. Au mieux, le Comité d'entreprise pourra alors repousser d'un mois l'opération de licenciement. Si le CE et le médiateur peuvent donner un avis, c'est donc toujours les patrons qui décident.
Quant aux "alternatives" aux plans de licenciements dont parle Guigou, dans un bon nombre d'entreprises touchées, des syndicats ont déjà proposé de tels plans "alternatifs", sans que cela n'ait empêché les licenciements !
Le gouvernement laisse faire, alors que les licenciements ont lieu, dans la majorité des cas, dans des entreprises qui font des bénéfices ou dans des entreprises dont les actionnaires s'en sortent sans dommage.
Alors, le gouvernement peut faire toutes les déclarations possibles pour faire croire qu'il s'intéresse au sort des travailleurs licenciés, en laissant faire les patrons, il leur donne son appui.