Sur les avis d'imposition que les contribuables reçoivent depuis quelques jours, figure pour beaucoup une baisse d'impôt. Et dix millions auront droit à la prime pour l'emploi sous forme de réduction d'impôts ou de chèque pour les non-imposables. Présentée comme " la bonne nouvelle de fin de vacances ", Fabius a choisi d'en tirer le maximum de profit. Il a d'ailleurs choisi de faire figurer en clair le montant de l'allégement fiscal sur tous les formulaires afin que chacun puisse bien apprécier le cadeau et la générosité du ministre des finances.

Des réductions d'impôts d'abord pour les plus riches

Bien sûr, pour tous ceux qui bénéficieront de ces réductions d'impôts ou d'un chèque, c'est toujours bon à prendre. Mais là encore charité bien ordonnée commence par les plus riches.

Ces mesures font partie du plan Fabius d'allégement des impôts de 140 milliards sur trois ans. Sur ces 140 milliards de francs, 79 milliards iront au quart le plus riche de la population et 19 milliards seulement au quart le plus pauvre. En effet, le gouvernement a choisi de baisser progressivement non seulement l'imposition des plus basses tranches (de 3,5 % pour les deux premières, de 2,5 % pour les deux suivantes) mais aussi des plus hautes tranches de 1,5 %. Ainsi le célibataire fortuné déclarant 450 000 F au fisc cumule les réductions de toutes les tranches et bénéficiera d'une ristourne d'impôt de 6 600 F. Le smicard célibataire qui payait 1 048 F d'impôts par an n'en payera plus au bout de trois ans, soit donc 1 000 F de ristourne d'impôt. Le chômeur non imposable n'aura, lui, aucun " cadeau de retour de vacances ". Il faut dire qu'il n'est sans doute pas parti en vacances... 6 600 F pour le plus riches, 1 000 F pour le smicard et rien pour le RMiste. Voilà la justice façon Fabius.

Une prime pour l'emploi bien sélective

La fameuse prime pour l'emploi a été instaurée pour contrebalancer un peu les cadeaux faits aux plus riches. C'est pourtant loin d'être le cas. Elle est maximale (1 900 F) pour un smicard à temps plein et dégressive au dessus et en dessous jusqu'à 0,3 SMIC. Mais comme son nom l'indique, elle est réservée à ceux qui ont un emploi. Ni les chômeurs ni les retraités ne sont concernés. D'après Fabius, elle doit au contraire inciter les chômeurs à rechercher activement du travail. Rendre les chômeurs responsables de leur situation, on croirait entendre Seillière. Mais qui donc transforme les salariés en chômeurs ? Qui sinon les Danone Alstom, Moulinex, Bata, Altcatel, AOM, et autres licencieurs ? Non seulement, les chômeurs ont les revenus les plus faibles, ils n'ont droit à aucun centime de " cadeau " mais ils doivent par dessus le marché subir la morale de Fabius.

Selon un sondage paru récement dans Le Figaro, Laurent Fabius serait devenu, avec ce plan de réduction d'impôt, le personnage politique le plus plébiscité par ceux que ce journal appelle les " décideurs ", c'est-à-dire un assortiment de chefs d'entreprises, journalistes et politiciens, avec 77 % d'opinions favorables. Cela prouve au moins que les patrons savent reconnaître les leurs, ou du moins leurs serviteurs.