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- Lutte ouvrière n°1727
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Afrique - Le ministre Védrine au Rwanda : Un commis voyageur de l'impérialisme français
Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères, vient de terminer, le 14 août dernier, un voyage en Afrique centrale, dans la région des Grands Lacs.
Il s'est rendu à Kigali, au Rwanda, pour la première fois depuis le génocide des Tutsis, en avril 1994, qui avait fait 800 000 morts ; officiellement afin de renouer le dialogue. Mais aussi faire pression sur le régime de Paul Kagamé pour qu'il retire ses troupes de l'Est de la République démocratique du Congo où elles combattent toujours les milices hutues, anciens débris du régime génocidaire rwandais. Mais pas seulement. Le Rwanda trouve son compte en occupant les régions orientales de la République démocratique du Congo dont les ressources minières sont riches en diamants et autres métaux précieux. Cela n'est pas étranger au regain d'intérêt que l'impérialisme français porte à cette région, car il voudrait bien aussi sa part de gâteau.
Mais loin de faire profil bas pour le rôle passé de l'impérialisme français dans sa participation active de soutien aux massacreurs lors du génocide rwandais, Hubert Védrine et la délégation française ont fait preuve d'arrogance et de culot, se déclarant d'accord pour renouer le dialogue avec le nouveau régime rwandais mais... " sans repentance ". Aux yeux du ministre des Affaires étrangères et donc du gouvernement français, la politique passée de l'impérialisme français dans la région ne souffre aucune critique, elle ne comporte " ni fiasco ni culpabilité ".
Pourtant, derrière les sinistres bandes armées hutues, les Interahamwe, qui semèrent la terreur au Rwanda pendant plusieurs semaines du mois d'avril 1994, il y avait bien la main de l'impérialisme français comme l'atteste le soutien indéfectible apporté au clan Habyarimana, le clan hutu au pouvoir. Clan qui avec la complicité politique, militaire et financière de la France a organisé et planifié le massacre de centaines de milliers de Tutsis. La bande de gangsters et d'assassins au pouvoir à Kigali a bénéficié tout au long du génocide de protections politiques aux plus hauts sommets de l'appareil d'Etat, à Paris. Les milices hutues ont été entraînées et encadrées par des officiers instructeurs de l'armée française ; et cela bien avant le déclenchement des massacres. Pendant toute la durée des massacres, les milices hutues furent ravitaillées en armes et en munitions, payées par la France. Et lorsque le gouvernement provisoire hutu dut fuir face à l'offensive des troupes rebelles de l'armée tutsie, de Paul Kagamé, venues d'Ouganda, le gouvernement français, tel l'assassin cynique défenseur de la veuve et l'orphelin, organisa " l'Opération Turquoise ", une mission militaire faussement humanitaire qui avait pour seul but de protéger les débris de l'armée génocidaire en déroute.
Le gouvernement français et son ministre des Affaires étrangères peuvent mentir et nier la responsabilité de l'impérialisme français dans le génocide rwandais : celle-ci est bien réelle.