La situation risque de devenir explosive dans cette petite commune à l'ouest de Calais où débouche le tunnel sous la Manche. Les milliers de réfugiés, qui ont tout quitté dans leurs pays et veulent rejoindre l'Angleterre, viennent buter sur de véritables fortifications militaires protégeant les accès aux ferries et aux navettes ferroviaires.

Certains politiciens et des habitants désignent le centre d'hébergement de Sangatte, géré par la Croix Rouge, comme principal responsable du problème. Ce centre accueille en moyenne un millier de réfugiés, qui restent là quelques jours ou plusieurs semaines. Pourtant les commerçants de Sangatte sont obligés de reconnaître qu'il n'y a pratiquement aucun acte de délinquance commis par ces réfugiés et qu'ils payent leurs achats.

La presse a monté en épingle les affrontements qui ont eu lieu mi-juillet entre réfugiés kurdes et afghans. Mais elle n'a guère évoqué la manifestation du vendredi 27 juillet où 250 réfugiés, en grande partie afghans et kurdes, réclamaient "la liberté d'émigrer en Angleterre".

La société Eurotunnel aurait déjà dépensé 30 millions de francs pour transformer le terminal ferroviaire du tunnel en camp retranché, avec dix kilomètres de barbelés à lames de rasoir, projecteurs, vigiles avec chiens et bientôt miradors. La réfection de la clôture, régulièrement cisaillée, reviendrait à 80 000 F par semaine. Et le pire semble-t-il - pour Eurotunnel - ce sont les interruptions de circulation imposées pour déloger les réfugiés des camions embarqués sur les wagons auxquels ils se sont accrochés lorsqu'ils démarraient ou sur lesquels ils ont sauté, malgré les risques d'électrocution par les caténaires.

Plusieurs réfugiés ont déjà laissé leur vie en tentant de terminer leur long périple pour tenter de quitter la misère de leur pays.

Tant que les riches pays occidentaux continueront à exploiter les pays pauvres et à y entretenir directement ou indirectement des guerres, les marchands de barbelés prospèreront aussi.