PDG : Un siège éjectable?10/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1726.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

PDG : Un siège éjectable?

Qui a dit que la contestation n'était plus à la mode ? "Un vent de révolte souffle contre les rémunérations parfois astronomiques des grands dirigeants", selon le Journal du Dimanche. Les plus visés seraient des patrons anglais : celui de Vodafone, par exemple, qui a empoché 70 millions de francs en un an, ou celui de British Telecom, 19 millions. Ils sont pourtant loin derrière leurs collègues américains : le PDG d'Apple a touché 3 milliards de francs en 2000.

Bien sûr, ce n'est un secret pour personne que les patrons ont des revenus plus que confortables, même s'ils baignent généralement dans un flou discret, malgré les prétentions du Medef à la transparence. En plus de leur salaire, de leurs primes et bonus divers, les PDG bénéficient d'avantages en nature de toute sorte. Résidence, personnel de service, voiture, transports, réceptions, vacances : pour eux, tout est payé par l'entreprise. Et le système des stock-options leur permet de multiplier encore leurs revenus.

Mais la contestation dont parle le journaliste ne vient pas des salariés, mal payés, précaires ou licenciés. Ceux qui protestent sont les actionnaires, ceux de sociétés dont la cote en Bourse s'effondre. L'action Vodafone a chuté de 40 % cette année, celle de British Telecom de 50 % en un an. Ce n'est donc pas vraiment leur salaire qu'on reproche aux PDG, mais leurs performances boursières.

Tant que la cote monte, ils peuvent se sucrer sans retenue : les actionnaires, qu'ils enrichissent, n'y trouvent rien à redire. Ils sont même prêts à en rajouter, comme ceux de Marks & Spencer. L'annonce de 4 000 licenciements en Europe avait fait s'envoler l'action et leur avait valu de se partager un dividende de 20 milliards de francs. Ils n'ont pas mégoté et ont voté pour le PDG une prime de 8,5 millions de francs.

Mais lorsque le cours de l'action est en baisse, on cherche des poux dans la tête du PDG. Et on trouve toujours un "petit" actionnaire à lancer contre lui, pour lui reprocher d'être trop grassement rémunéré. Ce "petit", quand il existe vraiment, n'est que le paravent derrière lequel se cachent les gros, ceux qui possèdent et qui décident. Qui peuvent même décider de licencier le PDG (non sans confortables indemnités, tout de même). Car à quoi sert un larbin qui ne fait pas son boulot, leur ramener toujours plus d'argent ?

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