Les patrons s'enrichissent et licencient, la lutte de classe ne connaît pas de trêve10/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1726.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Les patrons s'enrichissent et licencient, la lutte de classe ne connaît pas de trêve

C'est la trêve d'août, nous dit-on. Et pour tenter de la meubler, on essaye de nous amuser avec des images d'un Chirac bien bronzé, serrant des mains et embrassant des bambins à la sortie de la messe à Bormes-les-Mimosas. Ou encore avec celles des dirigeants Verts paradant, vélo à la main, le temps que les caméras les filment, et que les télévisions répercutent ces impérissables moments dans les foyers. Ces mises en scène s'inscrivent dans leur campagne pour les élections futures. Ça promet pour la suite ! Après tout, est-ce pire que la énième rediffusion du Gendarme à Saint-Tropez ou du Gendarme se marie ?

Malgré tout, cette trêve estivale, impatiemment attendue par ceux qui ont trimé durant onze mois à l'atelier ou au bureau, est la bienvenue. Sauf que tout le monde n'a pas l'occasion d'en profiter pleinement. Une grande partie des milieux populaires, en effet, ne peuvent pas partir en vacances ou sont contraints de les écourter, faute de moyens. Sans oublier ceux qui ne disposent pas de congés parce qu'ils n'ont plus de travail, auxquels s'ajoutent ceux à qui on vient d'annoncer qu'ils allaient perdre le leur dans les semaines ou les mois à venir.

Car les capitalistes, les boursicoteurs de haut vol, ne connaissent pas de trêve dans leur dévastatrice entreprise de réduction des emplois. Aux plans annoncés durant ces derniers mois, chez Lu-Danone, chez Marks & Spencer, chez Moulinex, chez Philips, chez Bata, chez Alstom et dans bien d'autres entreprises, qui n'ont pas eu les honneurs des médias, se sont ajoutés depuis ceux que la presse a rendus publics dans les dernières semaines de juillet. Des centaines de milliers de licenciements supplémentaires ont été programmés, au niveau mondial, qui en annoncent malheureusement d'autres. Voilà l'avenir que nous promettent les capitalistes.

Il est indispensable de faire barrage, de donner un coup d'arrêt à cette déferlante.

Mais pour cela les travailleurs ne peuvent compter, bien évidemment, sur les dirigeants de la droite, qui font campagne au contraire pour que l'on allège plus encore les contraintes fiscales et réglementaires qui, à les entendre, pèseraient trop lourd sur le patronat.

A gauche, si l'on peut parler ainsi, Laurent Fabius tient un discours similaire. Le reste du gouvernement laisse son ministre des Finances jouer les francs-tireurs mais se garde bien de s'en démarquer. Tout au plus les entend-on parfois se plaindre et reprocher aux patrons de ne pas jouer le jeu. A l'exemple du président socialiste de la région Nord-Pas-de-Calais qui, à propos des filatures Hellemmes à Lille que leur richissime PDG envisage de fermer, déclare qu'il faudrait que "les choses se passent correctement dans un pays civilisé". "Si l'entreprise disparaît, qu'elle disparaisse dans des conditions acceptables", ajoute-t-il, "sinon l'économie de marché n'a pas de sens" (1). Mais le pays civilisé dont parle ce pontife du PS est entre les mains des capitalistes, qui organisent selon leur bon vouloir cette "économie de marché" dont ils fixent les règles à leur guise. Il serait naïf de croire que, si les choses vont mal pour les travailleurs - car pour les patrons, elles vont bien -, ce serait parce que les patrons ne seraient pas fair-play. Ce serait de la naïveté, si ce n'était pas pure hypocrisie.

Dès lors, pourquoi les patrons s'interdiraient-ils de licencier dans le seul but de provoquer une hausse de leurs actions en Bourse, ou de délocaliser leur production pour rechercher des situations qui leur permettent d'échapper aux contraintes de lois qu'ils considèrent trop lourdes, à la quête de travailleuses et de travailleurs dont l'exploitation sera encore plus rentable pour eux ?

Que les notables du PS se plaignent du fait que le patronat n'aide pas le gouvernement socialiste à sauver les apparences, c'est la seule chose qu'ils puissent faire. Mais qui cela peut-il tromper ? Les patrons n'ont cure de ce genre de simagrées. Les salariés ne peuvent ignorer que les intérêts de leurs patrons et les leurs sont contradictoires et inconciliables.

C'est pourquoi ce qu'il faut, c'est que le monde du travail intervienne directement pour changer de façon radicale les règles de cette économie de marché qui les condamnent tantôt à subir l'exploitation, tantôt à être rejetés comme des rebuts, au chômage. Oui, il faut changer ces règles devant lesquelles les Jospin, les Fabius, les Guigou s'inclinent, manière pour eux de s'aplatir devant les patrons.

Il faut que la classe ouvrière impose l'interdiction des licenciements, en particulier dans les entreprises qui font des profits. Ce qui est le cas, entre autres, de toutes ces grandes entreprises qui ont annoncé des suppressions d'emplois.

Mais pour que les travailleurs puissent changer ces règles, il faut agir pour changer le rapport de forces entre le patronat et le monde du travail. C'est à cela que les militants de la classe ouvrière doivent oeuvrer.

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