Les licencieurs profitent des vacances, préparons leur notre rentrée10/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1726.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Les licencieurs profitent des vacances, préparons leur notre rentrée

Après l'annonce des licenciements, les plans sociaux "nouveaux" arrivent. Fin juillet, le tribunal de commerce de Créteil a ainsi tranché sur l'avenir de la compagnie aérienne AOM-Air Liberté et il a choisi un repreneur parmi les divers candidats en présence. La compagnie est sauvée nous dit-on... mais pas les salariés puisque 1850 emplois vont être supprimés sur 4550!

Ah la belle solution!

Ce qui n'a pas empêché Jean-Claude Gayssot, ministre des transports, membre du Parti communiste, de se réjouir de ce choix. Et il s'est également trouvé, malheureusement, des syndicats pour s'y rallier.

Pour ceux-là, qu'importe 1850 chômeurs de plus ou de moins! Qu'importe que personne ne soit capable de dire si le nouveau patron d'ici quelques mois ne mettra pas à son tour la clé sous la porte en retirant son capital et si personne ne peut prévoir pour les seuls salariés maintenus en poste, combien de temps leur travail leur sera assuré. Qu'importe que ce prétendu sauvetage se fasse, pour ceux qui auront la "chance"de ne pas être jetés immédiatement à la rue comme des malpropres, au prix de sacrifices, de davantage de travail, de salaires amputés, comme le plan du repreneur le prévoit.

Les seuls dans cette affaire ayant de véritables motifs de pavoiser sont les anciens patrons, la Swissair et Marine Wendel dont Antoine Seillières, dirigeant du groupe - en même temps que porte-parole du Medef - est l'actionnaire principal. Après avoir investi dans ce qui devait devenir le "nouveau pôle aérien", un concurrent pour Air France, la société du "patron des patrons"a retiré ses capitaux en faisant une grosse plus-value et déclaré la compagnie en faillite. Avec pour conséquence la menace sur l'emploi de 5000 salariés. Pour ces individus qui se donnent le droit de jouer avec la vie des travailleurs, seul le profit compte.

Il n'y a pas et il ne peut y avoir de toutes façons de bons plans sociaux. La presse écrite et audiovisuelle a relaté comment les ouvriers de l'entreprise Cellatex, qui avaient un moment menacé de faire sauter l'usine lorsque la fermeture avait été annoncée, après y avoir renoncé en échange de quelques engagements sur les indemnités de licenciements et quelques promesses de réinsertion, se retrouvent un an plus tard pour la plupart au chômage. De même pour le personnel de la brasserie de Schiltigheim dont plus d'un tiers n'a pas retrouvé de vrai travail un an après.

Difficile de se faire des illusions sur la réinsertion promise par les patrons au moment où ceux-ci essayent de désamorcer la colère des travailleurs. Lorsque des emplois sont proposés, ils sont la plupart du temps sinon "bidons", du moins plus précaires, plus mal payés, car les exploiteurs profitent du chômage pour imposer des conditions de travail dégradées.

Bien sûr qu'il vaut mieux lorsque des licenciements sont annoncés, se battre dans l'entreprise pour améliorer le plan social et essayer de faire payer au plus cher le patron qui veut mettre ses salariés dehors. Mais, surtout dans une période comme actuellement où les patrons multiplient les réductions d'effectifs, où le chômage officiel recommence à grimper, ce ne peut être suffisant pour nous travailleurs.

Si par la vertu de leur système de comptabilité, il s'avère que des entreprises déclarent des déficits ou des baisses de bénéfices, nous savons tous que l'argent a filé ailleurs, dans d'autres sociétés, dans la poche des actionnaires. Il n'y a pas de raison que les travailleurs fassent les frais de ce système. Il faut faire payer les patrons et interdire les licenciements. Et plutôt que de nous battre séparément, entreprise par entreprise, si nous nous y mettons tous ensemble, nous en avons les moyens.

Les patrons en cette période de vacances multiplient les annonces de licenciements en espérant nous préparer à accepter leurs mauvais coups. A nous de faire en sorte de nous préparer à leur infliger la riposte qu'ils méritent à la rentrée.

Après les différents mouvements qui ont déjà eu lieu dans les entreprises directement visées, et après la manifestation du 9 juin dernier, il faut d'autres manifestations d'ensemble, encore plus massives, pour imposer l'interdiction des licenciements.

Editorial des bulletins d'entreprise "L'Etincelle" de la Fraction du lundi 6 août 2001

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