Seize immigrants roumains, dont neuf enfants, ont été découverts, le 3 août, en gare de Waterloo à Londres, cachés sous un wagon de l'Eurostar. C'est la deuxième fois que des immigrés sont ainsi retrouvés en Grande- Bretagne sous ce train venant de France.

Le fait qu'il s'agisse d'un train européen de "prestige", l'Eurostar, souligne jusqu'à la caricature le caractère inhumain d'une société européenne croulant sous la richesse de ses classes possédantes et où les damnés du continent, ou venus de plus loin encore, doivent affronter les dangers d'un trajet épuisant, à quelques centimètres au-dessus des rails, dans l'espoir de trouver du travail. Ou, tels onze immigrés du sous-continent indien découverts le même jour, de ce côté-ci de la Manche, dans un camion à Calais, risquer de périr étouffés, comme des dizaines de malheureux Chinois, voici quelques mois.

Certes, à Calais, la police a arrêté la conductrice du camion et son accompagnateur. Ils seront probablement même condamnés. Mais pas les employeurs qui, dans toute l'Europe, profitent, en la surexploitant, de la main-d'oeuvre des pauvres parmi les pauvres. Ni d'ailleurs ces gouvernements, de droite comme de gauche, tel celui de Jospin, qui, en refusant de régulariser ces immigrés, les condamnent à la clandestinité et en font ainsi les proies désignées des passeurs sans scrupules, des marchands de sommeil et des patrons de tout poil.