Hôpitaux de Paris - Régime sec pour l'été : L'exemple de l'hôpital beaujon10/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1726.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux de Paris - Régime sec pour l'été : L'exemple de l'hôpital beaujon

Déjà pas très brillante en temps normal, la situation dans les hôpitaux de Paris prend des allures inquiétantes pendant la période estivale. Car les congés annuels viennent s'ajouter à la pénurie chronique de personnel. Pour l'administration de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), la solution est vite trouvée, d'autant que cela rejoint les impératifs budgétaires : elle ferme des centaines de lits en juillet et août. 20 % des 25 000 lits de l'AP-HP ont été fermés l'an dernier, et 8,5 % de plus sont programmés cette année.

Ainsi à Beaujon, hôpital situé à Clichy, dans la banlieue nord-ouest de la capitale, 140 des 530 lits doivent être supprimés durant l'été, alors que le nombre de patients qui se présentent ne faiblit pas. Avec la fermeture de nombreux cabinets de médecins de ville et cliniques privées, c'est même tout le contraire qui se produit. Alors on entasse les malades comme on peut et où on peut, et le personnel doit faire face, dans des conditions de travail déplorables.

Ainsi, en maternité, toujours à Beaujon, certains jours il y a jusqu'à trois femmes hospitalisées pour une IVG ou un curetage dans des chambres prévues pour deux personnes. Et les week-ends, c'est la débâcle. En suite de couches, il n'y a qu'une infirmière pour s'occuper d'une salle de 15 femmes et même pas d'aide-soignante prévue sur les plannings. Quant aux aides-puéricultrices, l'encadrement n'en a prévu que deux par jour durant le mois d'août. Résultat, il y a jusqu'à 40 bébés pour deux personnes de jour, et parfois pour une seule personne de nuit. Comme si les nouveaux-nés nécessitaient moins de soins la nuit !

Dans ces conditions, le personnel craque car, outre les soins apportés aux nouveaux-nés, il faut également procéder aux examens, remplir les dossiers, répondre au téléphone, expliquer aux nouvelles mères les mesures d'hygiène, les précautions à prendre, etc.

La situation ne vaut guère mieux en pneumologie. Une salle a été fermée durant les vacances, mais trois lits d'hospitalisation de jour ont été basculés sur l'hospitalisation traditionnelle. Certains jours, jusqu'à 5 patients sont accueillis dans ces "lits". Et certains administrateurs de garde imposent, la nuit, des urgences dans ces lits !

Le week-end, le service de fibroscopie bronchique étant fermé, c'est à l'aide-soignant du service que l'on demande, en cas d'urgence, de désinfecter le matériel en plus de son travail. Or, il n'est pas rare qu'au mois d'août, cet aide-soignant se retrouve seul pour s'occuper de deux salles.

Le respect des impératifs budgétaires prend parfois des allures délirantes. En rognant par tous les bouts sur les dépenses de santé, le gouvernement et la direction de l'AP-HP jouent non seulement avec les nerfs du personnel, mais ils rabaissent la qualité des soins et mettent sciemment les malades en danger.

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