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Côte-d'Ivoire : Parodie de justice à Abidjan
Huit gendarmes, accusés d'avoir participé à un massacre dans un quartier populaire d'Abidjan, en Côte-d'Ivoire, viennent d'être acquittés "pour faits non constitués".
Après les élections présidentielles d'octobre dernier, un escadron de gendarmerie soutenant le président nouvellement élu, Gbagbo, s'en était pris aux habitants du quartier de Yopougon, majoritairement de l'ethnie dioula, celle de l'ex-Premier ministre Ouattara qui avait été interdit de candidature, commettant brutalités et assassinats. Un charnier de 57 corps avait été découvert plusieurs jours après.
Des familles de victimes qui voulaient se porter partie civile ont vu leur demande rejetée. Au cours du procès, des témoins (dont deux survivants du massacre), par crainte, ne se sont pas présentés. En revanche sont venus témoigner un policier blessé par les manifestants et des habitants qui n'avaient "rien vu, rien entendu".
Ce procès fut, comme le plus souvent, une parodie de justice. Et le fait que le procureur militaire de Côte-d'Ivoire vient d'annoncer le dépôt d'un pourvoi en cassation contre l'acquittement des accusés ne constitue nullement une garantie. Il est rare de voir les soutiens de l'ordre établi jugés pour leurs exactions envers la population, même dans les pays dits démocratiques. Il n'y a qu'à voir le temps qu'il a fallu à un Papon pour être jugé pour ses crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale, ou les tortionnaires de l'armée française en Algérie, qui n'ont même jamais été inquiétés.