L'Etat sabote les services pour le public parce qu'il est au service du grand patronat03/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1725.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

L'Etat sabote les services pour le public parce qu'il est au service du grand patronat

Il n'est pas besoin d'être doué d'un sixième sens pour savoir que tous les ans, en juillet et en août, des millions de salariés prennent des congés bien gagnés. Mais on pourrait croire que le gouvernement est absolument incapable d'en tenir compte, à voir la manière dont fonctionnent la plupart des services publics.

A La Poste, l'administration a purement et simplement fermé les bureaux de certains villages, là où il n'y a qu'un seul postier en temps ordinaire. Que les usagers se débrouillent ! Et tant pis pour ceux qui ne peuvent plus se déplacer.

En ville, il n'y a en principe pas de bureaux fermés. Mais le manque de personnel se traduit trop souvent par des queues, des attentes interminables.

La SNCF se vante des performances du nouveau TGV Méditerranée. Mais elle fait, elle aussi, de telles économies de personnel qu'il suffit d'un retard pour en engendrer d'autres, en chaîne, quand un conducteur n'est pas revenu à temps pour reprendre son service.

Durant toute l'année, les hôpitaux, en particulier les services d'urgence, sont déjà, du fait d'une insuffisance des effectifs, dans une situation catastrophique. C'est pire encore en période d'été où on ferme des lits, faute de personnel qualifié. On hospitalise les malades là où existent encore des places, dans des services qui ne sont pas forcément les plus compétents pour leur cas. C'est jouer avec leur santé. C'est imposer aux familles des déplacements longs et coûteux. Mais cela ne semble pas émouvoir le ministre de la Santé, Kouchner, qui prétend que les femmes qui devaient accoucher en août n'ont pas de raison d'être inquiètes à cause de la grève annoncée des médecins accoucheurs car elles seront accueillies par les hôpitaux publics ! Où ? Dans quelles conditions ? Le ministre se garde bien de le préciser.

Pourtant la ministre responsable de la Sécurité sociale, Guigou, est toute fière de pouvoir annoncer qu'il y a beaucoup d'argent dans les caisses de la Sécu. Mais cet argent, qui devrait servir à améliorer le système de santé, va être utilisé par le gouvernement à subventionner le patronat, sous forme d'exonération de charges sociales, sous le fallacieux prétexte de " financer les 35 heures ".

Car malgré les lamentations du Medef et du baron Seillière, qui n'en ont jamais assez, la loi Aubry sur les 35 heures permettant au patronat, dans la plupart des entreprises, d'imposer les horaires de son choix au détriment de la qualité de vie et de la santé des salariés, de ne plus payer de majorations pour heures supplémentaires, est accompagnée de la distribution d'une véritable manne dont le gouvernement veut faire supporter le poids à la Sécurité sociale. Quitte à laisser la situation des hôpitaux continuer à se dégrader, dans un des pays les plus riches de la planète. Quitte à ce que, même dans les hôpitaux les plus modernes comme l'hôpital Georges-Pompidou, on ait fait des économies sur les installations avec des conséquences pouvant être catastrophiques.

Et c'est bien là la clé du problème. On ne peut pas utiliser tout l'argent dont on dispose à faire des cadeaux au grand patronat et entretenir, en même temps, des services publics de qualité. Le " service public " est le cadet des soucis du gouvernement Jospin, comme il l'était pour ses prédécesseurs, quelle qu'ait été leur couleur politique. Car les hommes de la droite comme ceux de la gauche gouvernementale ne sont que des figurants derrière lesquels se dissimule un Etat tout entier au service des classes possédantes.

Pourtant la grande majorité de la population a besoin, elle, d'hôpitaux, de moyens de transports et d'information, d'écoles, qui soient vraiment au service du public. C'est-à-dire qui ne soient pas régis par la course au profit d'une minorité de capitalistes.

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