Gênes et le G8 : Sous-développement et responsabilités de l'impérialisme27/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1724.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gênes et le G8 : Sous-développement et responsabilités de l'impérialisme

Les pays du G8 sont, soi-disant, préoccupés par le problème du sous-développement. A la fin de leur réunion, ils ont annoncé entre autres un "nouveau partenariat" avec l'Afrique, et confirmé leur intention d'alléger la dette des pays pauvres. Mais le sort des pays ex-colonisés, dominés, exploités, puis rejetés par eux n'empêche certainement pas de dormir les dirigeants des pays riches.

Qu'en est-il par exemple de ce "nouveau partenariat" avec l'Afrique ? Il se résume à la création d'un groupe de travail entre des représentants "de haut niveau" des pays africains et les membres du G8, dans le but d'élaborer un "plan d'action concret" qui sera examiné l'an prochain, lors de leur prochaine réunion. Il est aussi envisagé une réunion spécifique du G8 avec les membres de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). L'orientation de toutes ces réunions est déjà fort claire : permettre à des fonds privés de s'investir sans trop de risques, c'est-à-dire avec de bons profits, dans certains secteurs économiques de l'Afrique. Autrement dit, aider l'Afrique, ce sera surtout continuer à lui pomper quelques-unes de ses richesses, si cela intéresse les gros trusts ; ou bien encore racketter la population en lui vendant au prix fort l'eau, l'électricité... après avoir racheté des services publics.

Mais d'aide réelle au développement économique des pays pauvres, il n'en est pas question. Même ces aumônes que les pays occidentaux disaient vouloir verser aux pays pauvres il y a quelques années n'ont jamais atteint les sommes annoncées (indépendamment du fait de savoir à qui et à quoi elles profiteraient), ils parlaient à l'époque de verser 0,7 % de leur PIB aux pays sous-développés. Les pays qui versent des aides n'atteignent pas la moitié de ce plancher, même en y comptant parfois leurs interventions militaires dans le tiers-monde comme certains ont l'audace de vouloir le faire !

Le comble de l'hypocrisie est atteint avec les discours sur la fameuse réduction de la dette. Les pays pauvres ont remboursé, entre 1982 et 1998, plus de quatre fois ce qu'ils devaient, ce qui n'a pas empêché leur dette de quadrupler pendant la même période. Ces chiffres, rappelés par Le Monde Diplomatique, permettent d'apprécier à leur juste valeur les déclarations magnanimes sur la réduction possible d'une dette déjà remboursée plusieurs fois ! En fait une très grosse partie des richesses produites par les pays pauvres est directement transférée dans les coffres des pays les plus riches.

Et quand le G8 parle de réduire la dette des pays pauvres de 70, 80 voire de 90 %, il s'agit de mensonges éhontés. D'abord parce qu'il ne s'agit que des dettes contractées par les Etats des pays pauvres auprès des Etats des pays riches, ce qui ne représente qu'une petite partie de la dette : il n'est absolument pas question de réduire les dettes contractées auprès de la Banque mondiale, du FMI et encore moins auprès du secteur privé. De plus, le dispositif élaboré à Lyon en 1996, et confirmé à Cologne en 1999, appelé "Initiative sur les pays pauvres lourdement endettés" ne vise que 41 pays, essentiellement africains, excluant la plupart des pays d'Amérique latine et toute l'Asie. Il leur fixe des conditions telles concernant leur prétendue lutte contre la pauvreté (en fait l'application de politiques économiques dictées par les pays riches) que 23 pays seulement les ont à peu près remplies. Le Monde diplomatique a calculé que les mesures qui avaient été annoncées à Cologne représenteraient au mieux un allégement théorique de moins de 2 % de l'ensemble de la dette du Tiers Monde : 25 milliards de dollars sur les 3 000 dus actuellement !

Le G8 s'est contenté de se féliciter que 23 pays puissent remplir les critères et voient leur dette diminuer de1,1 milliard de dollars par an... provisoirement au moins. Car pour l'instant seuls deux pays, la Bolivie et l'Ouganda ont suffisamment rempli de conditions pour que l'allégement consenti par les pays riches leur soit définitivement acquis.

L'hypocrisie des gouvernants des pays riches est révoltante. Car la richesse des pays occidentaux vient entre autres de l'exploitation directe et indirecte des pays pauvres. La moindre des choses serait donc l'annulation immédiate de toutes les dettes publiques et privées, à commencer par celles des pays africains vis-à-vis de la France.

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