Contre l'exclusion, le gouvernement pratique le goutte-à-goutte27/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1724.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Contre l'exclusion, le gouvernement pratique le goutte-à-goutte

Le gouvernement a rendu publiques, mercredi 18 juillet, une série de mesures censées constituer, d'après la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou, un "programme de prévention et de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale", auquel deux milliards de francs seraient consacrés.

En quoi consiste ce programme censé s'attaquer au "noyau dur" du chômage ? 850 000 chômeurs de longue durée, 600 000 Rmistes et 250 000 bénéficiaires de l'ASS (l'Allocation de solidarité spécifique, versée aux chômeurs de fin de droits) pourraient intégrer le programme "Nouveau Départ" qui consiste à se voir proposer par l'ANPE un "diagnostic", une "évaluation de compétences"... Tous les chômeurs connaissent bien ce genre de rendez-vous et de réunions et ont eu plus d'une fois l'occasion d'en mesurer l'utilité limitée.

Quant aux jeunes de moins de 25 ans, le gouvernement prévoit de doubler le nombre de bénéficiaires du programme Trace (TRajet d'ACcès à l'Emploi), le portant à 120 000 en 2002. Il s'agit d'un dispositif créé en 1998 pour offrir à des jeunes, pendant 18 mois maximum, un prétendu "parcours individualisé"... On ne sait pas si cela a été très utile jusque-là mais, de toute façon, ils ne seront pas très nombreux à être ainsi suivis... à la Trace.

Au moins, dans ce cas, cela s'accompagne de la création d'une aide financière, baptisée pompeusement "bourse d'accès à l'emploi", qui se monte royalement à 1 968 F par mois... Un montant bien dérisoire ! La ministre de l'Emploi a insisté sur le fait qu'il n'était pas question de créer un "revenu d'assistance", un "RMI-jeunes"... Il s'agit bien cependant d'un mini-RMI, qui permet encore moins de vivre que le RMI, pourtant déjà notoirement insuffisant.

Les autres mesures sont à l'avenant. On peut noter que la période pendant laquelle un minimum social peut être cumulé avec un revenu d'activité est portée de 3 à 6 mois ! Ou encore que les prêts à 0 % d'intérêt accordés à certains chômeurs qui souhaitent créer leur entreprise sont transformés en dons. Une générosité très mesurée car cela ne concerne qu'une somme modeste (40 000 F au maximum) et un nombre très réduit de chômeurs. Tant mieux pour ceux qui pourront en bénéficier, mais cela ne fera reculer ni l'exclusion, ni la pauvreté.

Citons enfin la création de "maisons de la solidarité", regroupant en un seul lieu l'ensemble des services sociaux. Certaines démarches en seront peut-être facilitées mais cela ne fera pas un seul chômeur de moins !

Au-delà de l'effet d'annonce, on voit bien qu'il n'y a rien de très nouveau dans ce "programme". Ce sont des mesurettes telles qu'en ont pris tous les gouvernements depuis des années et qui n'ont pas empêché la situation des travailleurs de se dégrader. Pour faire reculer radicalement le chômage, il faudrait des mesures qui s'attaquent au droit des patrons de licencier à leur guise et, en prenant sur les profits accumulés par les grandes entreprises et leurs actionnaires, créer les emplois utiles qui permettraient de supprimer le chômage en satisfaisant les besoins de la population en matière de logement, santé, éducation, transports, loisirs, etc.

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