" Erika " : Les pétroliers n'avaient pas promis grand-chose, ils donnent encore moins20/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1723.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

" Erika " : Les pétroliers n'avaient pas promis grand-chose, ils donnent encore moins

Plus d'un an et demi après la catastrophe de l'Erika, le FIPOL, organisme essentiellement financé par les pétroliers pour indemniser les victimes, et souvent présenté comme une oeuvre de bienfaisance des pétroliers, n'a toujours quasiment rien déboursé.

Le conseil économique et social avait estimé les dégâts à 3 milliards (mais pour d'autres il fallait doubler cette somme) qui devaient principalement aller à l'industrie touristique et aux municipalités. Mais le FIPOL s'était engagé à ne verser que 1,2 milliard, ne remboursant les victimes dont les dossiers étaient acceptés qu'à environ 60 %. Mais dix-huit mois après, sur ce 1,2 milliard, il n'a été déboursé, au maximum, que 40 millions !

Le FIPOL a rejeté près de la moitié des demandes d'indemnisation. Il faut dire que la société Echo, mise en place par le FIPOL à Lorient pour établir les dossiers de remboursement, était notamment dirigée par des représentants de la compagnie d'assurance de l'Erika : on comprend qu'ils aient mauvaise grâce à valider les dossiers. Mais la tactique principale du FIPOL, c'est de jouer la montre, répondant aux abonnés absents à toutes les protestations, en particulier celles des municipalités. En effet, au bout de trois ans, si aucune action en justice n'est intentée, le règlement du FIPOL prévoit que " les droits à l'indemnisation s'éteignent ". Et du même coup, les sommes non dépensées retournent dans les caisses des compagnies pétrolières. On comprend pourquoi, dans beaucoup de marées noires précédentes, des centaines de plaignants ont ainsi vu leurs demandes d'indemnisation frappées de prescription ou déboutées en justice.

Face à cela, l'État n'a surtout pas fait pression sur le FIPOL. En loyal serviteur des compagnies pétrolières, Jospin s'est engagé par avance à " indemniser ce qui ne l'aura pas été par le FIPOL " ! Il aurait déjà dépensé 1,4 milliard, et ce n'est probablement pas fini.

Et Total dans tout cela ? Le responsable de la catastrophe a pour l'instant dépensé, au maximum, un milliard, essentiellement pour le pompage de l'Erika. C'est-à-dire moins d'un cinquantième de ses bénéfices (après impôts) pour la seule année 2000.

Comme quoi, si l'on veut que " les pollueurs soient les payeurs ", mieux vaut ne pas compter sur le gouvernement. Dans ce domaine comme ailleurs, il choisit toujours de dépenser l'argent public pour n'avoir pas à écorner les bénéfices des patrons.

Partager