- Accueil
- Lutte ouvrière n°1722
- La grève du transport touristique aux baléares
Leur société
La grève du transport touristique aux baléares
On a pu voir, à la télévision, des images des touristes bloqués dans les aéroports des îles Baléares au large de l'Espagne. Mais il y a eu bien peu d'informations sur les causes de ce mouvement qui a duré trois jours, du 30 juin au 2 juillet.
Obligés de travailler sept jours sur sept et parfois jusqu'à 18 heures par jour, les chauffeurs sont soumis à des conditions de travail épuisantes et dangereuses. Les heures supplémentaires, très mal payées, ne sont même pas déclarées à la Sécurité sociale et le salaire moyen avoisine les 6000 F par mois.
Les revendications mises en avant dans cette grève étaient l'augmentation des salaires et la mise en place d'une réglementation concernant l'organisation de la journée du travail. Le mouvement a entraîné le blocage des aéroports des îles, ce qui empêchait les quelque 300000 passagers concernés de rejoindre leur lieu de villégiature. Les vols ont subi du coup d'importants retards qui se sont répercutés dans les aéroports d'Angleterre et d'Allemagne, tandis que l'aéroport de Palma de Mallorca, la capitale de la principale des îles Baléares, a été partiellement fermé.
Dès le début, les travailleurs ont refusé d'accomplir le service minimum décidé par le gouvernement régional des Baléares, qui est un gouvernement de coalition entre les socialistes, les communistes d'Izquierda Unida et des nationalistes, et dont le conseiller du Travail appartient à Izquierda Unida. Il faut dire que ce service minimum fixait à 80% le pourcentage des véhicules obligés de circuler et signifiait un torpillage de la grève. Par ailleurs, les travailleurs ont refusé au cours d'une assemblée la signature d'un accord qu'ils estimaient insuffisant aussi bien sur le plan de la rémunération des heures supplémentaires que sur celui des horaires.
Les piquets de chauffeurs ont dû faire face aux tentatives du patronat de briser la grève. Tous les taxis des îles avaient été mobilisés ainsi que les voitures de location pour transporter les touristes. Ainsi un tour-opérateur allemand a reconnu avoir déboursé en taxi environ un million deux cent mille francs pour une seule journée.
Mais malgré la détermination des travailleurs, on a pu voir, au bout de trois jours de grève, les syndicats organisateurs du mouvement, les Commissions Ouvrières et l'UGT, faire tout leur possible pour que ce mouvement s'arrête. Dans leur volonté d'apparaître comme des organisateurs responsables, ils se sont empressés de présenter comme acceptable le projet d'accord que les travailleurs avaient repoussé. Ils ont même pris l'engagement de ne plus recommencer à organiser de grèves dans les aéroports. Grosske, le conseiller du Travail, est allé jusqu'à affirmer: "Une grève ne peut se conduire manu militari. Le pacte de médiation qui avait précédé la grève était déjà positif et il était en fait peu justifié de recourir à la grève". Un désaveu de la grève qui montre une fois de plus dans quel camp se retrouvent les dirigeants socialistes ou ceux d'Izquierda Unida quand ils ont des responsabilités gouvernementales, même à l'échelle locale.