Jospin à France 3 : La petite musique de la présidentielle13/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1722.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Jospin à France 3 : La petite musique de la présidentielle

Lionel Jospin s'est adressé aux téléspectateurs de France 3, devançant de cinq jours la traditionnelle allocution du président de la République du 14 juillet. Officiellement le Premier ministre venait présenter des mesures prises en matière d'aménagement du territoire, dont le morceau de choix était les quelque dix milliards qui vont être débloqués pour installer un Internet à haut débit. Une nouvelle qui devrait réjouir d'abord les groupes capitalistes qui opèrent dans le secteur de la communication, comme Vivendi, dirigé par Jean-Marie Messier, que le Premier ministre avait rencontré jeudi dernier.

Mais l'aménagement du territoire est en fait le cadet des soucis de Jospin. Il s'agissait d'ores et déjà de marquer, comme on le fait sur un terrain de foot ou de rugby, son concurrent de l'Elysée, empêtré depuis quelques jours dans ses voyages d'agrément payés en liquide sur les fonds secrets.

Jospin a tenu à préciser, en responsable de l'Etat bourgeois (et il a été félicité de ce choix par Pasqua) qu'il n'avait pas l'intention de mettre un terme à ce système de fonds dont tous les gouvernements disposent à leur guise. Tout au plus, il veut bien remettre dans le budget de l'Etat ce qui n'aura pas été dépensé au terme de son mandat. S'il reste quelque chose... (mais comment le prouver?).

Jospin a prétendu qu'il ne sait pas "ce qu'est une précampagne en ce qui (le) concerne". Et son intervention a donc pris aussi la forme d'un bilan où Lionel félicitait Jospin. "Nous avons été capables depuis 1997 de retrouver une croissance forte en France, au-dessus de 3%, 3,4% en 2000."

Cette prétendue croissance, dont les travailleurs n'ont pas vu la couleur, pique du nez, mais cela n'empêche pas Jospin de rouler des mécaniques: "Même avec 2,3 ou 2,5% de croissance en 2001, nous continuerons à créer de l'emploi et à réduire les déficits budgétaires". Et pour ne pas gâcher ce tableau, il lui suffisait de ne pas dire un mot sur la vague de licenciements à laquelle on assiste depuis plusieurs mois.

Sur ce plan-là, Jospin reste très, très discret. Les 300 millions débloqués au profit des régions touchées par la restructuration de la seule industrie d'armement sont bien insuffisants. De même que la prétendue "loi de modernisation", votée par les députés socialistes et communistes, qui propose qu'en cas de licenciements, les travailleurs aient "leur mot à dire", selon la formule de la ministre de l'Emploi. La belle affaire, puisqu'une fois ce mot dit, ils seront invités à prendre la porte.

Quant aux emplois créés dont se vante Jospin, ce sont principalement les emplois-jeunes dont on ne sait toujours pas si, d'emplois provisoires, ils se transformeront - par exemple, avant la présidentielle - en emplois durables.

Très content de lui, Jospin a insisté sur son rôle de "chef d'orchestre du gouvernement", sous-entendant que le locataire de l'Elysée n'entend rien à la musique. Mais la partition que joue le gouvernement Jospin a été composée par le patronat, vis-à-vis duquel ce gouvernement est aux petits soins.

Rendons-lui cette justice. Il n'y a pas vraiment de précampagne. Car dans ces joutes où se disputent ces politiciens pour un poste qui voit ses occupants changer sans que la politique menée, elle, ne varie vraiment, la campagne commence en réalité, à peine la précédente terminée. Si ce n'est avant.

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