Fonds secrets : Le bal des hypocrites13/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1722.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Fonds secrets : Le bal des hypocrites

Les différents ministères se partagent chaque année un total de 500 millions de francs en liquide (précisément 473 millions en 1999), officiellement pour faire face à leurs dépenses exceptionnelles. En fait, une partie de ces "fonds spéciaux" sert à financer les opérations des services secrets et autres barbouzeries inavouables. Quant au reste, l'affaire des billets d'avion de Chirac le montre, son utilisation est laissée à la discrétion des différents ministres puisque la procédure permet qu'aucun compte ne soit rendu sur l'utilisation de cet argent.

Régulièrement, l'existence et l'utilisation de ces fonds reviennent sur le devant de l'actualité, dans un parfum de scandale, avant de retomber dans l'oubli.

Cette fois, l'occasion a été fournie par l'affaire des billets d'avion de Chirac. Du coup, précampagne électorale oblige, les politiciens affectent de vouloir plus de transparence et de moralité. Ainsi Jospin a-t-il proposé de remettre à plat le système des fonds secrets et a commandé... un rapport sur la question. Les ténors de la droite ont beau jeu de dénoncer l'hypocrisie de ces déclarations, mais ils sont bien mal placés pour jouer les professeurs de vertus. Michelle Alliot-Marie, actuelle patronne du RPR et ex-ministre de Balladur, a reconnu que sur les "40 à 45000 francs" que recevait à l'époque son ministère, elle se réservait 8000 F. Mais seules de mauvaises langues peuvent penser qu'elle prenait cet argent sans état d'âme. Elle a "toujours été choquée" par cette procédure (mais elle a souffert en silence!).

D'autres assument et trouvent la chose tout à fait normale. Ainsi Allègre, l'ancien ministre de l'Education de Jospin, a eu le culot de dire à la télévision qu'un ministre ne gagnait que 44000 F par mois, et qu'il fallait bien faire face "à certains frais de représentation". Tout en avouant que, salaire plus paiements en liquide, le total avoisinait "quelque chose qui doit être de l'ordre, à peu près, de 70000 francs par mois". On admirera la précision!

La nécessité d'assurer un certain train de vie aux ministres est d'ailleurs reprise par Rocard, qui ne cache pas avoir utilisé un peu de cet argent, en son temps, pour "un petit complément" de revenus.

Bien sûr, cela ne représente pas grand-chose au regard de ce que touchent les capitalistes, les premiers bénéficiaires du système. Mais cette affaire a au moins le mérite de souligner l'hypocrisie de ces politiciens, qu'ils soient de droite ou se disent de gauche, qui s'octroient aisément des largesses... tout en appelant les travailleurs à se serrer la ceinture!

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