Italie : EDF et FIAT s'allient... pour piquer les profits de montedison06/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1721.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : EDF et FIAT s'allient... pour piquer les profits de montedison

Certains croient peut-être encore qu'EDF est une société de service public, dont la vocation est de fournir de l'électricité à la population française dans les meilleures conditions possibles. Mais à lire la presse ces jours-ci, il est clair que cette réalité est dépassée, si même elle a jamais vraiment existé.

Ainsi, le 2 juillet, on a appris qu'EDF, société publique, s'était alliée au trust privé italien Fiat pour se lancer avec lui à l'assaut d'un autre groupe capitaliste italien, Montedison, et de la banque d'affaires Mediobanca. L'opération appartient à la catégorie des Offres Publiques d'Achat dites "inamicales".

EDF s'était déjà portée acquéreuse de 20 % des parts de Montedison, ce qui avait provoqué en Italie une levée de boucliers contre cette prise de participation "étrangère". Mais voilà qu'elle s'est alliée à l'IFI - l'Institut financier italien appartenant à la famille Agnelli qui contrôle le groupe Fiat -, et au financier franco-polonais Romain Zaleski, et que les trois compères annoncent détenir dès à présent près de 50 % de ce conglomérat qui touche à l'agro-alimentaire, à l'énergie, l'ingénierie, la chimie, la pharmacie et même les assurances.

Si l'opération de prise de contrôle de Montedison réussissait, ce serait aussi une étape dans la confrontation entre deux grands groupes capitalistes italiens : celui qui est centré sur Fiat et la famille Agnelli, et le groupe constitué autour de Mediobanca, la banque qui jusqu'à une date récente contrôlait Montedison. En effet, à la sortie de ce petit jeu de Monopoly, Montedison serait contrôlée non plus par Mediobanca, mais par Italenergia, une société elle-même constituée par EDF, Fiat et quelques autres.

A quoi bon tout cela ? Un certain nombre de grandes sociétés industrielles vont changer de mains, sans que pour autant l'organisation industrielle de l'Italie et de la France dans le secteur de l'énergie et les secteurs connexes soit améliorée ou rendue plus rationnelle. Mais ce n'est pas ce qui guide les opérateurs dans ces batailles boursières : le seul enjeu est de s'approprier les parts de marché, et les profits correspondants, aux dépens du concurrent. Et dans l'affaire, les capitaux publics d'EDF, sa puissance financière constituée grâce au marché des consommateurs français, sont utilisés pour aider la famille Agnelli à régler ses comptes avec ses concurrents de Mediobanca. Pas encore privatisée, EDF aide déjà un grand capitaliste privé dans ses batailles boursières.

Quant à Agnelli, déjà habitué à disposer sans compter des fonds de l'Etat italien, il ne voit évidemment pas d'inconvénient à disposer en plus de l'appui indirect de ceux de l'Etat français.

Le ministre des Finances français a paraît-il été informé discrètement, pendant le week-end, de l'attaque en cours, et Fabius aurait fait savoir aux "assaillants" qu'il n'y voyait pas d'inconvénient. Quant à demander leur avis aux ouvriers du groupe Montedison, du groupe Fiat, d'EDF, voire aux usagers français de l'électricité, sur l'usage que l'on fait des richesses qu'ils produisent, vous n'y pensez pas.

C'est pourtant eux qui risquent de faire les frais de ce type d'opérations, par le biais des restructurations, des licenciements... et des hausses des tarifs de l'électricité !

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