SMIC : Mise en scène et faux "coup de pouce"29/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1720.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

SMIC : Mise en scène et faux "coup de pouce"

La ministre de l'Emploi, Elisabeth Guigou, l'avait dit : la revalorisation du Smic au 1er juillet serait "raisonnable". Elle l'avait même tant répété, en choeur avec le ministre de l'Economie Fabius, qu'un journal de droite comme Le Figaro ne pouvait pas, comme à son habitude, faire semblant de croire que le gouvernement de gauche serait dispendieux et constatait : "Bercy et le ministère des Affaires sociales sont tous deux sur une ligne salariale modérée".

Et pas qu'un peu.

Selon la loi, du simple fait notamment de la relance de l'inflation, le Smic devait augmenter de 3,76 %. Comme il croît de 4,05 %, le "coup de pouce" se monte donc à... 0,29 %. "Historiquement, c'est l'un des plus petits" que l'on ait connus, affirme le directeur de l'OFCE (un organisme officiel de conjoncture économique).

Cela n'a pas empêché, les jours précédents, le gouvernement de laisser entendre, par compères interposés, que sa décision pourrait inquiéter le patronat. Jospin pouvait compter sur le baron Seillière qui, au nom du Medef et selon une comédie bien rodée, a protesté. La ficelle étant fort usée à force de servir, Trichet, président de la Banque de France, prit le relais. Il lança "un message de prudence à l'adresse des partenaires sociaux" et mit en garde contre une "spirale prix-salaires", présentée comme destructrice d'emplois.

Que des dizaines de milliers d'emplois se trouvent menacés en permanence par les vagues de licenciements en cours, que le pouvoir d'achat réel des salariés baisse, entre autres du fait de la hausse des prix, cela n'alarme pas ces gens-là. Mais que le Smic suive, bien qu'avec retard, la hausse officielle des prix, ce serait la catastrophe ?

Sur FR3, dimanche 24 juin, Fabius enfonça le clou. Faisant mine de s'inquiéter de ce que Jospin pourrait arrêter comme chiffre pour le Smic, Fabius se voulut alarmiste. A l'en croire, une "forte hausse" du Smic "aurait des conséquences en termes de destruction de l'emploi", "il faut être raisonnable".

On connaît le résultat : le "coup de pouce" de Jospin représente... 17 F de plus par mois sur le net. A peine un paquet de cigarettes.

C'est si dérisoire que, devant les caméras, Guigou crut nécessaire de rectifier : "en fait des 4 % annoncés, ce sera 4,05 %".

Prendre des airs de dame patronesse recomptant à haute voix ses pièces jaunes avant de les jeter en aumône, voilà sans doute à quoi on devrait reconnaître avoir affaire à un gouvernement de gauche.

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