Police - Irlandais de Vincennes : La justice se hâte... 19 ans après29/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1720.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Police - Irlandais de Vincennes : La justice se hâte... 19 ans après

Le 22 juin dernier, un juge d'instruction a organisé une confrontation générale des personnes impliquées dans l'affaire des "Irlandais de Vincennes". C'était la première fois. Et le juge parle sans rire de "règlement rapide de ce dossier".

Or c'est il y a dix-neuf ans, le 28 août 1982, que le GIGN a mené, à l'initiative de la cellule antiterroriste de l'Elysée, une perquisition à Vincennes, au domicile de trois militants socialistes-nationalistes irlandais du Irish Republican Socialist Party. Les gendarmes de choc du GIGN y "découvraient" des armes et des explosifs, découverte qui leur permettait de déclarer qu'il s'agissait de trois dangereux terroristes, aussitôt incarcérés.

Sauf que ces armes et ce plastic, c'étaient les gendarmes du capitaine Barril qui les avaient mis là. Cette arrestation de trois Irlandais tombait trop bien pour le pouvoir. Le début de l'année 1982 avait été marqué par de nombreux attentats à Paris, contre des politiciens français, des personnalités arabes, des lieux fréquentés par les Juifs. Le 9 août, une fusillade au restaurant Goldenberg, rue des Rosiers, à Paris dans le quartier juif, faisait 6 morts et 22 blessés.

Mitterrand, président de la République en poste, montait alors personnellement au créneau. Il déclarait à la télévision que, puisque la police était impuissante, il prenait les choses en main, et on allait voir ce qu'on allait voir ! Jouant sur la rivalité entre les services de la police et ceux de la gendarmerie, il peuplait de gendarmes sa cellule antiterroriste, qui obtenait aussitôt à Vincennes un premier et éclatant succès.

Mais cette perquisition d'août 1982 apparaissait de plus en plus clairement comme une provocation policière. Moins d'un an plus tard, en mai 1983, les révélations de deux gendarmes obligeaient les juges à libérer les trois Irlandais, après tout de même dix mois de prison. Mitterrand et le gouvernement maintenaient tant bien que mal leur fiction mensongère. Mais en avril 1984 des proches collaborateurs du président étaient à leur tour mis en cause. La justice se mettait en route, de son pas majestueux mais lent. Sur plainte des trois victimes, une information était ouverte en août 1992. C'est elle qui s'achemine désormais vers sa conclusion.

Entre-temps Mitterrand et un certain nombre de protagonistes sont morts. Les gendarmes vedettes de l'Elysée ont poursuivi une brillante carrière dans le trafic d'armes et les activités barbouzardes. La provocation de 1982 est reconnue par à peu près tout le monde. Dix-neuf ans après, la justice va peut-être bientôt se rallier à son tour à la vérité, d'autant que désormais elle ne risque plus de nuire au président ni à ses ministres de l'époque, si ce n'est à sa mémoire. Mais de ce côté-là, il n'y a plus grand-chose à perdre.

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