Le recul de la croissance : Qui va payer la note ?29/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1720.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le recul de la croissance : Qui va payer la note ?

Selon l'INSEE, la consommation des ménages a baissé de 0,5 % en avril, et d'autant en mai. Dans le même temps, on annonce une hausse des prix, qui atteignait fin mai 2,3 % sur une année et devrait dépasser le 1,3 % prévu pour 2001. La croissance dont se vante le gouvernement devra donc certainement être revue à la baisse.

S'il y a ce recul de la croissance, que les chiffres semblent annoncer, le patronat va chercher à le faire payer aux travailleurs, avec l'aide du gouvernement.

En matière de hausse des prix, le ministre de l'Economie et des Finances, Fabius, parle de "bouffée d'inflation", voulant laisser croire que cela ne va pas durer et qu'il n'y a pas lieu de revendiquer des augmentations de salaires.

Le gouvernement a montré l'exemple avec la revalorisation du SMIC. Le "coup de pouce" que réclamait le PS, qui pense aux prochaines élections, sera plus que limité. Pour les 13,6 % de salariés payés au SMIC (sans parler de tous ceux qui ne l'atteignent même pas), l'augmentation salariale au 10 juillet sera de moins de 300 francs mensuels, rognés par les hausses de l'essence, du gaz, des fruits et légumes, etc. Mais c'est encore trop pour le gouverneur de la Banque de France, qui pense que "cela va à l'encontre de ce qui est nécessaire pour éviter les effets de second tour de l'inflation", et que c'est "mauvais pour la création d'emplois, et notamment pour les moins qualifiés"... C'est toujours la même rengaine. Ce serait les salaires trop élevés qui seraient responsables du chômage, jamais les patrons et leur soif de profits !

Patronat et gouvernement s'apprêtent donc à faire payer aux travailleurs le recul de la conjoncture globale, par une baisse du pouvoir d'achat, les hausses de prix n'étant pas compensées par une augmentation des salaires, en conséquence. Il y a, de plus, fort à craindre que ces prévisions pessimistes n'annoncent encore des licenciements.

Pourtant, les travailleurs n'ont profité en rien de cette croissance. Car même si le chômage a un tout petit peu reculé, les emplois créés ne l'ont pas été au même niveau de salaire qu'auparavant, et n'ont pas empêché des vagues de licenciements par ailleurs. Alors, pourquoi devraient-ils faire les frais d'une économie qui a le hoquet ?

Les discours sur les difficultés économiques sont en fait un rideau de fumée cachant le fait que, même en période de crise, les possédants ont continué à s'enrichir et les fortunes à s'arrondir. Croissance ou recul, stabilité des prix ou inflation, ce sont les travailleurs qui paient la note. Mais cette situation n'a rien d'inéluctable. Pour faire en sorte que ce soient les riches qui paient l'addition, en prenant sur leurs profits, les travailleurs devront se faire craindre et inverser le rapport des forces.

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