HLM : Les paroles de ministre passent, les mal-logés restent...29/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1720.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

HLM : Les paroles de ministre passent, les mal-logés restent...

Les 23 et 24 juin, les organismes de HLM tenaient leur congrès annuel. La ministre du Logement, Marie-Noëlle Lienemann, y a annoncé le doublement des crédits alloués aux opérations de destruction des immeubles, en particulier de ces grandes barres devenues de véritables repoussoirs. Il y aurait eu environ 6 000 logements détruits en 2000, on en prévoierait 10 000 pour cette année, 15 000 l'année prochaine, et le président de l'union des organismes HLM, Michel Delebarre, affirme qu'il serait souhaitable d'arriver à 30 000 démolitions par an.

Mais il ne suffit pas de détruire, encore faut-il reloger, et c'est là que le bât blesse. C'est à peine si l'on a construit l'an dernier 42 500 logements sociaux, pas beaucoup plus donc que ce que l'on estime souhaitable de raser. Et on peut constater à l'occasion des relogements auxquels les démolitions donnent lieu, qu'ils ne changent guère le paysage de ceux qui en bénéficient. En tout cas, ils ne sont pas l'occasion pour le gouvernement d'imposer aux maires des communes riches cette "mixité sociale" dont il se gargarise, en leur imposant d'accepter la construction de logements sociaux dans leurs murs.

En région parisienne, par exemple, on détruit aux Mureaux pour reloger à Chanteloup-les-Vignes, une autre cité-dortoir à quelques kilomètres de là.

Et puis, même reloger, ce n'est pas tout ! Encore faudrait-il que les nouveaux immeubles - et les anciens - soient entretenus correctement pour qu'ils ne se dégradent pas à leur tour, et donc qu'on y mette le personnel nécessaire, à commencer par des gardiens en nombre suffisant, mais aussi des équipes pour repeindre les escaliers, réparer les ascenseurs ou entretenir les espaces collectifs.

Si les barres bâties dans les années soixante se sont dégradées au point de devenir invivables, ce n'est pas seulement parce qu'elles étaient longues ou hautes. Il y a dans les arrondissements chers des grandes villes des bâtiments de même ampleur mais qui n'ont été ni construits ni entretenus de la même manière. Alors que dans les barres que l'on détruit aujourd'hui, les dégradations se sont multipliées, faute d'être traitées à temps, jusqu'à arriver à une situation où, tout le monde en convient, il n'y a plus rien d'autre à faire que de tout raser.

Un autre cheval de bataille de la ministre du Logement est "l'accession à la propriété". Par un système de prêts à bon marché, elle entend inciter les locataires de HLM à devenir propriétaires. Ce n'est pas nouveau, et le moins que l'on puisse dire est que les tentatives précédentes n'ont guère été concluantes. Le système est tout bénéfice pour les organismes HLM, qui peuvent ainsi se décharger sur les nouveaux propriétaires de l'entretien de toutes les parties communes. Mais pour ceux-ci, la conséquence est de payer pendant des années des mensualités plus élevées que leur loyer pour rembourser ces prêts sans parler des nouvelles charges leur incombant. Et cela est particulièrement scandaleux, puisque, en fait, habitant là depuis des années, ils ont déjà payé mois après mois l'équivalent de la valeur de leur appartement qui, quand ils seront vraiment propriétaires, se sera sérieusement dégradé.

Année après année, chaque congrès des HLM entend les promesses gouvernementales de "casser les ghettos", assorties des mêmes recettes. Mais pour assurer un logement décent aux millions de mal-logés que compte le pays, il faudrait, non pas des discours, mais une volonté politique qui se traduise par la mise à disposition des moyens financiers nécessaires.

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