La sécu transformée en vache à lait08/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1718.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La sécu transformée en vache à lait

Après une année 1999 en équilibre, en 2000, le budget de la Sécurité sociale a été en excédent de plus de 18 milliards de francs. Celle-ci semble donc sortie d'une situation de déficit qui durait depuis 1985, et qui avait atteint des sommets au milieu des années 1990.

Les causes de ce redressement sont de deux ordres : d'une part la légère baisse du chômage, qui a fait rentrer de nouvelles cotisations dans ses caisses, et d'autre part la dégradation importante du service rendu : la forte diminution des prestations et des remboursements alors que les cotisations sur les salaires n'arrêtent pas d'augmenter. Résultat : les salariés payent toujours plus pour obtenir des remboursements en baisse.

Mais le gouvernement n'entend pas faire bénéficier les assurés de ces 18 milliards d'excédent. S'il a redressé si fort les comptes de la Sécu, c'est pour affecter la plus grande partie de cet argent (13 milliards de francs) au financement du passage aux 35 heures. Il prend argument du fait qu'en diminuant le temps de travail, il a développé l'emploi -ce qui reste à prouver- et donc que la Sécu, qui touche ainsi davantage de cotisations, doit être mise à contribution pour aider les patrons à supporter le poids du passage aux 35 heures !

Ce passage aux 35 heures s'est accompagné d'un formidable cadeau aux employeurs : une diminution des charges patronales sur les bas salaires qui s'est traduite par 70 milliards de francs de dégrèvements bénéficiant au patronat en 2000, somme qui devrait atteindre 92 milliards en 2001. Jusqu'à présent, l'Etat s'engageait à rembourser à la Sécu, bon gré mal gré, et souvent avec retard, le manque à gagner dû aux diminutions de charges qu'il accordait aux employeurs. Pour 2000, l'État a décidé de laisser à la Sécurité sociale une ardoise de 13 milliards de francs. Autrement dit les salariés vont prendre à leur charge une bonne partie du cadeau fait aux patrons...

Rappelons que la reprise en main de la Sécurité sociale proclamée par les gouvernements visait, disaient-ils, à en améliorer la gestion. Mais l'Etat, lui même beaucoup plus déficitaire que la Sécu, avait une idée derrière la tête : mettre la main sur un budget sensiblement plus important que le sien, pour financer ses propres dépenses.

L'Etat a donc rééquilibré les comptes de la Sécu, et même au-delà, sur le dos des assurés. Maintenant il pioche encore plus dans la caisse pour y trouver de quoi financer une partie des cadeaux qu'il distribue au patronat.

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