L'exécution par injection létale de Timothy McVeigh, condamné à mort pour l'attentat commis en avril 1995 à Oklahoma City et qui avait fait 168 morts, a été très largement médiatisée aux Etats-Unis, mais pas seulement.

Ici aussi, la télévision a retransmis des images du condamné ainsi que des partisans de la peine de mort manifestant devant la prison au moment même où l'exécution se déroulait. La presse, les commentateurs de la radio ont raconté les derniers instants du condamné, avec force détails, non sans paraître déçus de son attitude : aucune faiblesse, aucun remords, aucune demande de pardon à l'adresse des 232 parents des victimes, qui ont pu assister en direct, grâce à un système de télévision en circuit fermé, à son exécution.

A cette occasion, certains se sont interrogés : comment un homme "affable" comme McVeigh, qui a fait les preuves de sa compétence dans l'armée américaine, a-t-il pu se transformer en "monstre", capable de garer une camionnette bourrée d'explosifs au pied d'un immeuble fédéral, de la faire sauter et de causer la mort de centaines d'innocents, hommes, femmes et enfants, sans compter les blessés graves ?

McVeigh, qui était un familier de groupuscules paramilitaires, professant des idées racistes et d'extrême droite, a affirmé avoir "fait tout ça pour le bien commun", avoir agi en patriote et s'est expliqué sans états d'âme : "Je regrette que des gens aient dû y laisser leur vie. Mais c'est la nature de ce combat. En y entrant, on sait qu'il y aura des pertes humaines".

Au fond, c'est une explication que la plupart des soldats US auraient pu fournir... à propos de n'importe quelle action de leur armée ailleurs qu'aux Etats-Unis. Et en effet, McVeigh était, à 33 ans, un vétéran engagé dans la guerre du Golfe contre l'Irak, c'est-à-dire un homme fabriqué par l'armée américaine, un homme à qui on avait appris qu'il est normal d'écraser des populations sous des tonnes de bombes : on sait qu'il y aura des "pertes humaines", des "dommages collatéraux" comme on disait pendant la guerre du Golfe. Il n'a fait qu'appliquer aux Etats-Unis ce qu'il avait appris ailleurs.

Tels sont les McVeigh aux Etats-Unis mais aussi les Aussaresses et autres Massu ici, fabriqués et formés aux pires basses oeuvres par l'armée, au service de l'ordre capitaliste que celle-ci, entre autres tâches, est chargée de garantir et de maintenir. Et c'est surtout cet ordre capitaliste qu'il serait urgent de condamner à mort.