Challancin Ligne C du RER (Région parisienne) Nettoyage en grève : Le scandale de la sous-traitance08/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1718.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Challancin Ligne C du RER (Région parisienne) Nettoyage en grève : Le scandale de la sous-traitance

Depuis le 29 mai 2001, les travailleurs de l'entreprise Challancin qui nettoient des gares de Paris et de proche banlieue de la ligne C, sont en grève. Ce que l'on peut constater lorsqu'on emprunte les gares banlieues d'Austerlitz, Saint-Michel, Orsay, jusqu'à Porte-Clichy, ou Issy-Plaine sur une autre branche. Vingt-quatre gares au total pour une cinquantaine d'ouvrières et ouvriers, cela en dit long sur la charge de travail.

Ce qui a mis le feu aux poudres dans ce chantier, qui a connu une grève d'un mois en 1998, c'est le refus de réunir les délégués pour traiter les réclamations qui s'accumulaient depuis plus de six mois. Le 22 mai, des ouvriers se sont donc mis en grève avec leurs délégués pour apporter directement les revendications et exiger une réunion. Le DRH n'a pas trouvé mieux que d'appeler la police, déposer plainte pour séquestration malgré le constat contraire de la police sur place, puis transmettre aux délégués des convocations pour le commissariat. Tout en engageant quatre procédures de licenciements contre les délégués.

Quelles sont donc les revendications qui ont provoqué le déchaînement patronal ? Des primes de nuit non payées, des cartes Orange non remboursées, des contrats de travail non fournis, des remboursements maladie non versés, contre quoi les ouvriers protestent depuis des mois. Ils exigent également l'annulation des procédures de licenciement et le retrait des plaintes.

La SNCF, qui connaît parfaitement cette entreprise à qui elle confie de nombreux chantiers, se cache derrière elle hypocritement et considère que c'est à Challancin de résoudre le problème. Mais la veille même du déclenchement de la grève, un représentant SNCF prenait un repas avec une dirigeante de l'entreprise qui a pu ensuite produire une autorisation datant du même jour lui permettant de circuler avec un huissier dans les gares la nuit. Est-ce à dire qu on prépare ensemble les parades à la grève, autour d'un verre ?

Les grévistes, avec le soutien de toutes les organisations syndicales cheminotes (CFDT, Sud, FO, CGT) ont interpellé la SNCF à de nombreuses reprises. En manifestant à la Gare de Lyon lors de l'inauguration du TGV Méditerranée, ils ont fait connaître davantage leur grève et ont interpellé le dirigeant de la SNCF, un certain Pépy. Ce dernier les a accusés de gâcher la fête. Une motion de solidarité a été adoptée unanimement au comité d'entreprise de la région de Paris rive-gauche, sans pour autant que la SNCF bouge le petit doigt sauf à exiger de Challancin que le travail se fasse dans le respect du Code du travail. Pourtant, les dizaines de millions de francs que la SNCF verse à cette entreprise seraient un moyen de pression.

Les cheminots sont solidaires, et ce malgré les désagréments qu'ils subissent tout comme les usagers.

La grève est suivie à 100 %. Le patron tente des nettoyages sauvages, sa fille en tête, prétendue conseillère juridique, accompagnée de journaliers ou d'intérimaires, ce qui crée la colère des grévistes qui viennent s'adresser aux embauchés de circonstance pour leur demander de ne pas participer aux tentatives de casser leur grève.

Par ailleurs, Challancin vient de déposer au tribunal de grande instance un référé demandant l'expulsion des grévistes pour entrave à la liberté du travail (et 5 000 F d'amende par gréviste en cas de présence dans une gare). Le tribunal le matin du 12 juin, et une proposition de négociation, sans les délégués, l'après-midi. Voilà ce que Challancin fait semblant de présenter comme un geste positif. En réalité, il veut obtenir la protection de la police pour faire faire le nettoyage à d'autres travailleurs.

Depuis quinze jours, c'est aussi l'inspection du travail qui se déclare incompétente ou en congés (contrairement à 1998 où le conflit avait les mêmes motifs).

Le ministère des Transports, qui était intervenu également en 1998, reste à ce jour silencieux. Il est vrai qu'à l'époque, on était à la veille du Mondial de foot. Faudra-t-il cette fois attendre l'arrivée du Tour de France ?

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