Caterpillar (Grenoble) : Grève des soudeurs08/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1718.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Caterpillar (Grenoble) : Grève des soudeurs

L'entreprise Caterpillar est réputée dans l'agglomération grenobloise pour ses conditions de travail dures et son encadrement coriace. Deux mille trois cents travailleurs y fabriquent des tracteurs, des tracto-pelles, des chargeuses et des pièces de rechange dans deux usines situées, l'une à Grenoble, et l'autre, toute proche, à Echirolles.

La presque totalité des 220 soudeurs (90 %) que comptent les deux usines vient de faire grève pendant dix jours. Cela a démarré le vendredi 18 mai chez les soudeurs sur robots. Ceux-ci attendaient depuis longtemps une reclassification que la direction leur avait fait miroiter dès le début de la robotisation en vantant la qualification du travail. Dans la réalité, les soudeurs se sont retrouvés avec un travail plus pénible. Car non seulement, l'ouvrier doit suivre le rythme du robot mais il est obligé de corriger sans cesse ses bavures et nombreux ratages. C'est pour ces raisons que la direction ne trouve pas beaucoup de volontaires parmi les soudeurs manuels pour aller travailler sur robots.

Le 18 mai, accompagnés de deux délégués CGT, une douzaine de soudeurs sur robots de l'équipe jour de l'usine d'Echirolles s'imposaient à une réunion avec un directeur. Devant le refus de ce dernier de répondre à leurs revendications, les soudeurs sur robots de toutes les équipes décidèrent de se mettre en grève. Le lendemain, à une trentaine, ils allèrent rencontrer leurs collègues de Grenoble, où les soudeurs manuels décidèrent aussi de rejoindre la grève qui s'étendit ensuite à tous les soudeurs des deux usines. Ceux-ci établirent ensemble leurs revendications : une reclassification au coefficient 245 pour les soudeurs robots, un coefficient mini à 230 pour les soudeurs manuels et le passage de la prime mensuelle à 600 F (elle est de 320 F) pour les soudeurs manuels déjà au coefficient 230.

Dès le début, la grève a été dynamique. Les soudeurs se sont retrouvés tous les jours pour des actions : diffusion de tracts et collecte aux portes de l'usine, occupations des carrefours en brûlant des pneus et visites parfois mouvementées chez le directeur qui est aussi celui de Caterpillar-France. Un directeur pas courageux qui, un jour, à l'arrivée des grévistes, s'était caché dans un bureau et n'en était sorti qu'une heure après, bien obligé d'entendre ce que les travailleurs avaient à lui dire. Le lendemain, face à une nouvelle visite des grévistes il avait fait verrouiller toutes les portes, obligeant ainsi les ouvriers à en défoncer une pour rentrer.

La préfecture a même accepté de recevoir une délégation. Serait-ce la menace de faire flamber des pneus devant son entrée qui a rendu le préfet accueillant ?

Finalement, le mardi 5 juin, devant la décision des grévistes de poursuivre la grève la semaine suivante, la direction, qui affirmait depuis le début qu'elle ne négocierait qu'à la reprise du travail, lâcha en partie ce que demandaient les soudeurs. La grande majorité des soudeurs obtient la reclassification, c'est-à-dire des augmentations de 350 F à 850 F par mois d'ici le premier semestre 2001, les soudeurs manuels déjà au coefficient 230 obtiennent 80 F de plus sur la prime mensuelle qui sera désormais intégrée au salaire.

Enfin, la direction décidait d'octroyer "généreusement" 30 F de plus par mois, à tous les travailleurs des deux usines. Ce qui est loin de faire le compte dans l'entreprise, tant le mécontentement est grand et a pris de l'ampleur depuis l'application des 35 heures sauce Aubry qui ont nettement aggravé les conditions de travail. D'ailleurs, bien que restée catégorielle, cette grève a rencontré la sympathie des autres travailleurs de l'usine, qui ont débrayé deux heures en soutien et versé la somme de 30 000 F lors d'une collecte. Et lors de la reprise du travail, le mercredi, les soudeurs ont été chaleureusement accueillis par leurs collègues, très contents que la direction de Caterpillar ait été contrainte à reculer, ce qui ne s'était pas vu depuis bien longtemps.

Dans l'usine, le moral est bon et, pour l'instant, les chefs préfèrent raser les murs...

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