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Dans les entreprises
Rennes : La gauche plurielle contre la grève des transports
Après 25 jours d'arrêt complet de la circulation des bus, les grévistes des transports en commun de Rennes ont mis fin à leur grève, le jeudi 19 avril.
Ils n'ont formellement pas obtenu de la direction qu'elle renonce à son projet de "montée par l'avant", qui compliquerait le travail des conducteurs en leur imposant d'être à la fois chauffeurs, vendeurs de billets et en plus contrôleurs.
L'objectif de la direction est clairement de se servir des conducteurs pour limiter la fraude et ainsi d'augmenter les recettes de la Société des transports urbains rennais (la STUR) sur leur dos.
La grève a été très suivie et, même si le projet est toujours dans les cartons, il a certainement du plomb dans l'aile et ne sera pas facile à mettre en place.
Dans ce conflit, les grévistes ont eu bien sûr à faire face à la détermination du patron de la STUR, qui est une filiale de la SNCF. Elle contrôle les transports en commun de nombreuses ville en France, et aussi d'autres pays. A plusieurs occasions, la direction a essayé de faire sortir des bus en se servant des cadres. A chaque fois, ceux-ci se sont heurtés à la détermination des piquets de grève et aucun bus n'est sorti.
Les commerçants du centre-ville ont, eux aussi, tenté d'isoler les grévistes en organisant des "manifestations d'usagers", qui n'ont pas vraiment démontré le prétendu ras-le-bol de la population rennaise que les chauffeurs de bus "prenaient en otage" !
Alors, il a fallu que les élus donnent également de la voix. Dès le début du conflit, le responsable des transports de l'agglomération rennaise, élu socialiste, n'a cessé de se servir de la presse pour affirmer son soutien au patron de la STUR et martelé sans fin que le projet de "montée par l'avant" était un bon projet.
Cela ne suffisant pas pour entamer la détermination des grévistes, le maire de Rennes, Edmond Hervé, lui aussi socialiste, à la tête d'un conseil municipal à majorité "gauche plurielle", s'est à son tour servi de la presse pour attaquer la grève et affirmer son soutien au directeur de la STUR. Et il a rendu hommage à ceux qui "au sein de la STUR restent fidèles à l'idéal de service public" !
Pour lui "la STUR est une entreprise privée socialement exemplaire" et les vraies raisons du conflit, "le motif réel de cette grève, animée par certains" (la CGT) "concerne le pouvoir dans l'entreprise". Il oubliait un peu vite que, loin d'être le fait d'une minorité de militants CGT, la grève était suivie par 90 % du personnel concerné...
Ainsi, à peine élue, l'équipe de la gauche plurielle, à la tête de la municipalité de Rennes, a montré quel camp elle choisit de servir. Unie derrière la mairie, elle a "fait confiance à la direction de l'entreprise" et attaqué les grévistes.
Edmond Hervé, sans doute de peur de ne pas en avoir assez fait, a encore terminé son message en disant : "La grève est un droit. Mais ce droit ne saurait aller à l'encontre de la liberté de chacun". Il tenait à dire qu'il préfère le camp des commerçants du centre-ville à celui des travailleurs !