Pasqua sur la mallette, pardon, la sellette27/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1711.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Pasqua sur la mallette, pardon, la sellette

Le temps se gâte pour Charles Pasqua. A peine mettait-il en cause l'acharnement des juges contre lui et son parti qu'une ancienne collaboratrice de cet ex-ministre de l'Intérieur est venue témoigner d'avoir transporté une mallette qui, selon elle, aurait contenu de l'argent destiné à financer de façon occulte son parti, le Rassemblement pour la France (RPF).

L'enquête sur les trafics d'armes en Angola, en marge de l'affaire Elf, pourrait donc déboucher sur une mise en cause du parti de Pasqua. Résumé des derniers épisodes : un proche de Pasqua, le diplomate Bernard Guillet a été mis en examen. Ex-membre du cabinet de Pasqua quand celui-ci était ministre de l'Intérieur, il est secrétaire de l'association France Afrique Orient (vice-président : Pasqua). Celle-ci a été subventionnée par le trafiquant d'armes Falcone, qui a déjà éclaboussé un fils Mitterrand et Jacques Attali.

Guillet s'est tu mais Falcone a parlé. Les juges savent que le trafic d'armes a touché d'autres pays que l'Angola, notamment le Cameroun et le Congo, pour une somme de six milliards de francs, violant à différentes reprises les dispositions légales régissant les ventes d'armes ainsi que des embargos. Or, un homme d'affaires camerounais s'est porté caution pour empêcher la mise en cessation de paiement du RPF, le parti de Pasqua.

En enquêtant sur le financement de ce parti, les juges ont découvert deux chèques de soutien d'un total de 7,5 millions de francs versés au RPF par Madame Mondoloni, présidente du PMU gabonais (55e candidate sur la liste Pasqua-Villiers aux élections européennes). Ce serait l'origine de la rupture entre Pasqua et Villiers.

Pasqua en était à demander un recours auprès du Conseil supérieur de la magistrature sur ce qu'il considère comme de l'acharnement judiciaire contre sa personne, quand est apparue Sabine de la Laurencie. Cette ex-collaboratrice du ministère de l'Intérieur du temps de Pasqua a raconté aux journaux et à la télé la mission de confiance que lui aurait confié son ex-chef direct, Bernard Guillet : aller chercher en Suisse une mallette sous couvert de son appartenance au ministère de l'Intérieur. Selon elle, cette mallette contenait de l'argent remis par un homme d'affaires irakien, bénéficiaire des commissions du groupe Elf, destiné à alimenter de façon occulte les fonds du RPF.

Le nom de Charles Pasqua est également prononcé dans différentes affaires : des salaires fictifs d'une filiale d'Elf qui auraient bénéficié à des proches de Pasqua ; une vente de terrain à Issy-les-Moulineaux pour le compte de la société Elf ; du blanchiment d'argent à Monaco concernant des casinos (des "retombées" de l'autorisation donnée par l'ex-ministre Pasqua d'ouvrir les casinos aux machines à sous, un des fonds de commerce, selon Canal Plus, du père de la présidente du PMU gabonais). Les juges recherchent aussi des comptes en banque en Suisse ou à Monaco au nom de Pasqua, père ou fils.

Pasqua dénonce des "affabulations" et des "ragots" qui ne le concernent en rien. Et en effet, comment expliquer autrement que ce pauvre homme, depuis si longtemps, notamment quand il était un membre moins en vue du mouvement gaulliste, ait été mêlé à de si nombreux "coups tordus". De son rôle dans le SAC, ces barbouzes gaullistes prêtes à tout pour faire avancer la cause du clan gaulliste, jusqu'à l'affaire du "vrai-faux" passeport quand il était ministre de l'Intérieur pendant la première cohabitation, sous Mitterrand, Pasqua passe pour n'avoir jamais rechigné devant des tâches qui indisposaient les "petits marquis" du gaullisme.

Il est vrai qu'après tout, toutes ces casseroles n'ont pas entamé sa longévité politique et Pasqua, probablement, ne doute pas qu'il pourra cette fois encore se tirer d'affaire. Il entend toujours être candidat à la prochaine présidentielle. Il a d'ailleurs annoncé un des thèmes de sa future campagne : "Proposer une profonde réforme de la justice, afin de mettre fin à tout excès". Assez de persécutions !

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