Israël - Palestine : Washington rappelle à l'ordre sharon mais se moque du sort du peuple palestinien27/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1711.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël - Palestine : Washington rappelle à l'ordre sharon mais se moque du sort du peuple palestinien

L'intervention militaire israélienne pendant le week-end pascal dans la bande de Gaza a déclenché une réaction de Washington contre cette même politique. Le secrétaire d'Etat américain, l'ex-général Colin Powell, l'a qualifiée d'"excessive et disproportionnée" et a invité le gouvernement Sharon à retirer ses troupes de la bande de Gaza. Washington a également fait savoir au chef d'Etat israélien son "agacement" devant les bombardements des positions syriennes au Liban.

Cette prise de position américaine pourrait surprendre de la part de l'Etat américain qui reste le principal allié de l'Etat israélien et après que la presse eut présenté la rencontre entre Sharon et Bush comme une reconnaissance de la politique israélienne par la nouvelle équipe dirigeante américaine. Mais les dirigeants américains se soucient, en fait, comme d'une guigne du sort du peuple palestinien.

Si les Etats-Unis voulaient intervenir pour mettre un terme à la politique agressive de l'Etat israélien, ils sauraient bien comment faire pression. Ne sont-ils pas leurs principaux bailleurs de fonds et fournisseurs d'armes ? Mais cela relève, pour eux, des affaires intérieures, c'est-à-dire en quelque sorte des affaires privées du gouvernement israélien et ils laissent faire.

Mais, si l'Etat américain entretient depuis toujours une relation privilégiée avec Israël, il a d'autres alliés à ménager dans la région, en l'occurrence la plupart des Etats arabes.

La réaction violente du président égyptien, Hosni Moubarak, illustre bien le sentiment des dirigeants arabes face à la récente escalade israélienne : "Cette politique [des Israéliens] ne conduira à rien, elle aura des répercussions terribles, et s'ils croient qu'ils vont arrêter la violence de cette manière, elle augmentera partout". Et il a ajouté : "Ce qui se déroule actuellement et l'escalade qui a eu lieu contre la Syrie, tout ça ne laisse pas entrevoir la paix ou la stabilité dans la région, y compris pour Israël et pour le peuple israélien".

En rappelant à l'ordre Sharon, les Etats-Unis ont donc voulu faire un petit geste vis-à-vis des dirigeants arabes. Ne serait-ce que pour permettre à ceux-ci de justifier auprès de leur propre opinion publique leur alliance avec les Etats-Unis et leurs appels répétés, adressés aux puissances occidentales, à intervenir pour forcer Israël à un compromis.

Mais ce n'est certes pas ce petit rappel à l'ordre qui modifiera la politique d'Israël vis-à-vis des Palestiniens. Tous les gouvernements israéliens, qu'ils soient de droite comme le gouvernement actuel ou de gauche comme celui que présidait Barak, n'ont rien fait pour décourager les nouvelles implantations de colons juifs sur les meilleures terres et même au coeur de villes à majorité palestinienne, comme Hébron par exemple. Et plus grandit l'impasse actuelle, plus les colons juifs les plus extrémistes redoublent d'énergie pour occuper de nouvelles terres, donnant naissance à des villages ou des quartiers qui se transforment en autant de bunkers hostiles aux Palestiniens et à leur revendication du "droit au retour" sur leurs terres.

Et chacune des interventions de l'armée israélienne, chaque coup de force des colons dans les territoires, enveniment encore un peu plus la situation.

Partager