Après la manifestation de Calais ET MAINTENANT ?27/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1711.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Après la manifestation de Calais ET MAINTENANT ?

La manifestation de Calais a été un succès. Elle a confirmé le soutien de la population travailleuse à ceux de Danone, qui n'acceptent pas d'être jetés à la rue par une entreprise qui réalise des bénéfices énormes.

Mais une manifestation ne peut suffire à faire reculer Danone et, à plus forte raison, le reste du grand patronat. Or, bien au-delà de Danone, pas un jour sans qu'on n'annonce de nouveaux plans dits sociaux. A ceux prévus de longue date chez Alstom, Aventis, Michelin, Moulinex, Bull, Delphi, Valéo ou Bosch, viennent s'ajouter ceux de Philips, Ericsson, Nestlé, Péchiney, des compagnies d'aviation AOM et Air Liberté, des chaussures André et des bas Dim. Si ces plans sont exécutés, cela fera des dizaines de milliers d'emplois supprimés, des usines fermées, des villes dévastées.

Les suppressions d'emplois annoncées concernent aussi bien la prétendue "nouvelle économie" que l'électro-ménager, les équipements automobiles que l'industrie pharmaceutique ou l'habillement. Il s'agit bien d'un mode d'existence général du capitalisme.

Et il s'agit de grands trusts qui brassent des milliards et qui veulent tous dégager encore plus de profits en jetant dans la détresse des milliers de familles ouvrières. C'est inhumain, c'est inacceptable. Et, à entendre la morgue avec laquelle le baron Seillière rejette ses responsabilités de principal actionnaire dans les licenciements annoncés chez AOM, ils finiront par transformer l'indignation en révolte !

On ne doit pas compter sur le gouvernement Jospin pour arrêter l'avalanche. Il veut juste tenter d'anesthésier l'indignation de l'opinion publique.

Mais les "mesures" envisagées sont bidon. Comme si le doublement des indemnités de licenciement, par exemple, pouvait arrêter les licencieurs ! Deux dixièmes de mois par année de présence au lieu d'un, cela fait six mois de salaire au lieu de trois après trente ans de maison. Et que valent les promesses de reclassement pour tous les salariés jetés à la rue ? Des emplois moins payés et, au bout, une retraite amputée au prorata.

Non, le gouvernement Jospin ne fera rien contre les licenciements et ne veut rien faire ! Il est pour le fonctionnement capitaliste de l'économie, pour le marché, pour les profits, même si le monde du travail crève des conséquences. Jospin, comme ses prédécesseurs de droite, est un serviteur du patronat.

Face à l'offensive patronale, responsable du chômage massif, de la précarité, du recul général des conditions d'existence de la classe ouvrière, nous répétons depuis des années, notamment depuis la présidentielle de 1995, qu'il est vital d'interdire les licenciements, sous peine de réquisition, dans les entreprises qui font du profit. Six ans après, Robert Hue vient de découvrir cela. Mieux vaudrait tard que jamais, mais ce n'est pas ce projet de loi qu'il a déposé à l'Assemblée.

Il envisage une nouvelle manifestation, cette fois-ci à Paris. Très bien ! Mais est-ce que les députés communistes déposeront une loi interdisant réellement les licenciements ? Ils pourraient le faire car, sans les députés du PC, le gouvernement n'a pas la majorité à l'Assemblée. Mais, en répétant qu'il n'est pas question de compromettre l'existence du gouvernement, Hue montre que, s'il fait semblant de ruer dans les brancards, il reste attelé à la charrue gouvernementale ! Mais à quoi servent alors les ministres communistes ?

Mais la colère des travailleurs sera peut-être assez forte pour obliger le gouvernement à agir.

Alors, qu'ils se méfient, tous ceux qui, même lorsqu'ils prétendent s'opposer aux licenciements, ne cherchent qu'à dégager leur propre responsabilité !

Les mesures qu'eux-mêmes ne veulent pas prendre, les travailleurs en colère finiront par les imposer.

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