Abilis(Grenoble) : Quatrième semaine de grève, la détermination est intacte !27/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1711.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Abilis(Grenoble) : Quatrième semaine de grève, la détermination est intacte !

Les travailleurs de la société de nettoyage Abilis ont entamé, lundi 23 avril, leur quatrième semaine de grève pour obtenir le treizième mois, une prime de transport de 300 F, le versement intégral, sans jour de carence, de leurs indemnités maladie et le paiement des jours de grève (cf LO n°1709 et 1710).

Jeudi 19 avril, les grévistes, le matin, comme à l'accoutumée, s'étaient rendus sur différents sites. Même si, à chaque fois, un huissier les attendait, cela n'empêcha pas les travailleurs rencontrés de rejoindre la grève.

L'après-midi, retour dans les locaux de la direction, ce qui fit descendre le directeur parisien pour rencontrer les grévistes. Il leur proposa une prime de 1 000 F brut par an, et une prime de transport repassée à 34 F comme avant le conflit, soit sur l'ensemble 9 F de plus proposés depuis les dernières négociations, après trois semaines de grève... et le directeur parisien a fait attendre les travailleurs jusqu'à 21 h 30 pour leur annoncer cela !

Le lendemain, le directeur parisien recevait à nouveau les sept élus des grévistes représentant les sites en grève. Cette fois, il proposa pour un salarié à temps plein, à la place du treizième mois, une prime annuelle de sécurité et de qualité de 1 500 F brut, une multiplication par deux de la prime de transport, soit 75 F et le paiement dès le quatrième jour des indemnités maladie. Les délégués sortirent plusieurs fois de l'entrevue pour rendre compte des propositions et faire voter l'ensemble des grévistes. Ceux-ci décidèrent unanimement de continuer le mouvement, chacun ayant rapidement calculé que cela faisait environ 166 F de plus brut par mois pour les travailleurs à temps plein, ce qui ne fait pas le compte !

L'après-midi, les grévistes allèrent se poster à l'entrée du procès très médiatisé de l'Ordre du Temple Solaire. Ils déployèrent sous les caméras leur banderole "Abilis c'est la honte, Salariés du nettoyage en grève depuis trois semaines", répondirent aux questions des journalistes jusqu'à ce que la police arrive. Les grévistes ont demandé une audience à la préfecture pour libérer le parvis et ont été reçus.

A l'assemblée générale du lundi 23 avril, tous les grévistes avaient reçu, le samedi, une lettre d'Abilis rappelant ce que le patron était prêt à donner et expliquant que si la grève continuait, l'entreprise risquait de perdre ses chantiers et que ses propositions seraient caduques. Rappelons au passage qu'Abilis, qui pleure misère face aux travailleurs, fait partie du groupe danois ISS qui fait d'énormes bénéfices sur le dos de 265 000 salariés répartis dans 35 pays différents. En France, l'entreprise embauche plusieurs dizaines de milliers de travailleurs, et sponsorise des équipes de foot et de rugby. Alors les couplets sur l'entreprise qui ne peut pas donner plus aux travailleurs, à d'autres !

Au cours de l'AG, tout le monde s'exprima pour continuer la lutte et tenter encore d'étendre le mouvement. Après avoir fait le point sur le montant des collectes, montant généreux qui témoigne de la solidarité des travailleurs des sites, certains grévistes partirent rencontrer des travailleurs sur d'autres sites non encore gagnés à la grève. Le soir, les grévistes se rendirent à l'inauguration de la quinzaine contre la discrimination au jardin de ville de Grenoble. Il y avait du beau monde, le maire de Grenoble, Destot, le député socialiste, Migaud, le préfet, etc. Ils ont tour à tour été interpellés par les grévistes qui leur ont, à chacun, raconté les raisons de la grève. Le préfet a été remercié personnellement par une gréviste pour avoir envoyé la police et une travailleuse proche de la retraite s'est présentée pour lui montrer combien étaient dangereux (! ) les travailleurs que la police avait bousculés. Il a été aussi interpellé pour rappeler les responsabilités que l'Etat avait dans leur situation puisqu'il allégeait les charges sociales des patrons qui font des contrats à temps partiel.

Bref, l'ambiance est, à ce jour, loin d'être morose comme le temps, et les grévistes sont toujours aussi déterminés à ne pas se contenter des miettes que leur offre la direction !

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