Moulinex - Brandt Group : Une fusion pour faire encore plus de fric20/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1710.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Moulinex - Brandt Group : Une fusion pour faire encore plus de fric

Les 14 et 22 décembre 2000, les assemblées générales de ElFi SA et de Moulinex ont approuvé la fusion de Brandt Group avec Moulinex.

Dès le début, le PDG du nouveau groupe a annoncé la couleur : " La réalisation d'une économie annuelle de 500 à 600 millions de francs, ce qui veut dire 2 200 licenciements ". Sept cents sont prévus à Lesquin (Nord), 1100 à Cormeilles (Calvados), 400 dans les services Achat, Marketing, Recherche et Développement, etc., des différentes entreprises, pour tout regrouper dans un siège unique et éviter les doublons.

A Brandt-Cooking-Orléans, c'est surtout dans les bureaux que l'inquiétude est grande. Pourtant dans cette usine où l'on fabrique des cuisinères, des fours et des tables à induction, la production tourne à plein régime. Depuis des années, de larges bénéfices sont dégagés. Le fait que l'ancien PDG de la Cuisson soit parti, que d'autres cadres, dont le directeur des Ressources humaines, aient fait de même, ne fait qu'augmenter les inquiétudes.

Dans les ateliers aussi ces restructurations inquiètent. L'usine est fermée une semaine à Pâques. Tout le monde est parti en se demandant ce qui se prépare pour la rentrée.

Correspondant LO

$Après le 21 avril

Rarement le gouvernement Jospin aura fait si piètre figure que depuis l'annonce des licenciements chez Danone et Marks & Spencer. Rarement sa duplicité à l'égard du monde du travail aura tant sauté aux yeux : les mesures proposées jeudi 12 avril confinent au ridicule. Encore n'est-ce que par abus de langage qu'on parle de " mesures " : seul est envisagé un débat parlementaire autour d'amendements à la loi sur la " modernisation sociale " afin de " mieux encadrer " les licenciements ... Il n'y a que l'éditorialiste de l'Humanité pour parler de " rendez-vous utiles ". Du bout des lèvres, le premier ministre évoque la possibilité de " renchérir " les plans sociaux ou d'exiger des " garanties " en matière de " réindutrialisation ". Revoilà la gauche dans son rôle classique d'accompagnatrice des charrettes de licenciements, telle une pleureuse suivant un corbillard.

Madelin résume ainsi l'inanité du discours gouvernemental : " Lionel Jospin prétend exiger des entreprises des mesures que les entreprises elles-mêmes ont déjà mises en place dans leurs plans de restructuration ". On ne saurait mieux dire qu'il serait illusoire d'attendre quoi que ce soit de l'équipe au pouvoir face à la vague de plans sociaux qui s'annonce : d'AOM et Air-Liberté à Bull, d'Usinor à Giat-Industries, de Moulinex à Bosch et Delphi, ou encore chez Sagem, Philips, Alcatel, Aventis, André... Mais le temps n'est peut-être plus où Jospin pouvait faire illusion à coups de formules creuses : l'" expertise " de Renault Vilvorde en 1997 ou le fameux " attention " adressé à Michelin en 1999. Sans accorder aux sondages d'opinion plus d'importance qu'il n'en méritent, ces derniers notent tout de même que la popularité de la politique sociale du gouvernement semble décliner, tandis que l'idée d'interdire les licenciements dans les entreprises bénéficiaires rencontre un large assentiment.

Reste à savoir si l'indignation suscitée par les licenciements chez LU ou Marks et Spencer pourra se traduire en une mobilisation du monde du travail. Même si le boycott des produits Danone remportait un succès notable, s'il ne servait pas à préparer une suite plus musclée il pourrait fort bien servir à la gauche plurielle et aux appareils syndicaux à se défausser - comme c'est déjà en partie le cas. Mais la colère, si colère il y a, s'exprimera d'autant plus qu'elle aura des occasions crédibles de le faire.

L'appel à manifester le 21 avril à Calais, à l'initiative du PCF, est un pas dans la bonne direction, mais un pas limité. La manifestation de Calais, écrit l'éditorial de Rouge " ne saurait remplacer une véritable levée en masse nationale à Paris, unitaire, en direction du patronat et du gouvernement ". Une véritable journée de mobilisation unitaire et à l'échelle nationale, à Paris ou ailleurs, et pourquoi pas un appel à la grève générale, non pas " en direction ", mais bel et bien contre le patronat et le gouvernement, seraient en effet nécessaires pour faire suite à celle de Calais. Par delà ces nuances, la LCR a raison de militer dès maintenant pour un appel de ce type. Car si le PCF a pris l'initiative de l'appel du 21, ce n'est évidemment pas pour donner le coup d'envoi d'une riposte de grande ampleur aux vagues de suppressions d'emplois. Robert Hue ne vise à rien de plus qu'à se dédouaner de ses compromissions gouvernementales multiples et à donner le change après le fiasco électoral du mois dernier. Comme le 16 octobre 1999, il veut entretenir l'illusion d'avoir " un pied au gouvernement, un pied dans la rue ". Les révolutionnaires ne peuvent se contenter, par leur présence, certes nécessaire, d'apporter de l'eau au moulin de la direction du PCF. Il leur faut aussi se saisir de cette occasion pour mettre en avant leur propre politique, publiquement, et la proposer à toutes les organisations politiques et syndicales de la classe ouvrière.

L'extrême gauche a su apparaître comme un pôle politique significatif au cours de plusieurs échéances électorales, et notamment les dernières en dates. C'est justement ce qui lui procure aujourd'hui une notoriété et même un certain rapport de forces, certes limité, mais néanmoins suffisant pour proposer au PCF, aux organisations syndicales, à leurs militants et plus généralement aux travailleurs du rang, de prolonger le 21 avril par une véritable mobilisation de l'ensemble du monde du travail.

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