La grande muette20/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1710.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La grande muette

Plus de 12 000 personnes évacuées en catastrophe de la ville de Vimy, dans le Pas-de-Calais, ainsi que de six autres communes : le dépôt de munitions stockées dans un site à ciel ouvert, sans autre protection qu'un hangar et un grillage, présentait un risque pour la population.

Certes, ce risque ne date pas d'aujourd'hui, puisque la plupart des munitions entreposées ici, en attendant leur destruction, remontent à la guerre de 14-18, mais la dégradation des conteneurs menaçait de déséquilibrer les obus et de les faire exploser et, surtout, le risque de fuite de gaz mortels était suffisamment important pour que les autorités décident de les transporter au camp militaire de Suippes où, paraît-il, les conditions de stockage font qu'il n'y a rien à craindre.

Toute l'opération a été préparée dans le plus grand secret - tradition militaire oblige - et, alors que Chirac et Jospin avaient eu connaissance du rapport d'experts présentant les dangers du site il y a une dizaine de jours, les habitants, pourtant les premiers concernés, n'ont été avertis qu'au tout dernier moment. A tel point que, voyant une noria d'officiels, de pompiers et d'ambulances, ils ont cru à un accident à la centrale nucléaire de Graveline ! Ils n'ont eu qu'une petite journée pour faire leurs bagages, caser le bétail et trouver un hébergement pour une dizaine de jours.

Ainsi donc, plus de quatre-vingts ans après la fin de la Première Guerre mondiale, et plus d'un demi-siècle après la fin de la Seconde, leurs séquelles, sous forme d'obus non encore explosés, sont toujours présentes dans la région. Parmi ces bombes se trouvent des obus remplis de gaz mortels dont l'hypérite, le " gaz moutarde ", qui intoxiquèrent plus d'un million trois cent mille soldats durant la Première Guerre mondiale et en tuèrent 94 000, soit environ 1 % des morts de la guerre, toutes nationalités confondues.

Quatre-vingts ans plus tard, ces armes dont on ne sait que faire représentent toujours un danger pour les populations et l'on peut toujours mourir pour les profits des marchands de canons... de la " Der des der ".

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