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Dans le monde
Grande-Bretagne : Tuberculose, pauvreté et dégradation de la santé publique
La fièvre aphteuse n'affecte peut-être pas les hommes, mais la tuberculose, si. Or, le cas d'une école de Leicester, vieille ville industrielle du centre du pays, est venu rappeler au début du mois d'avril le retour de cette maladie que l'on disait disparue.
Néanmoins, pour que les médias s'émeuvent de la situation, il leur a fallu un rapport confidentiel faisant état de la situation dans cette école de Leicester. Selon ce rapport, 31 cas de tuberculose avaient été diagnostiqués, 60 cas d'infection par le bacille et 170 élèves présentaient des symptômes prouvant qu'ils y avaient été exposés. Aucun doute n'était permis selon ce rapport, le foyer de contagion était donc bien dans l'école même.
La recrudescence de tuberculose n'est pas propre à la Grande-Bretagne. Elle touche aussi bien les pays pauvres (où elle n'a jamais vraiment reculé) que les pays riches et partout pour les mêmes raisons - l'aggravation de la pauvreté. Au point qu'en 1993, l'Organisation Mondiale de la Santé a fait de la lutte contre la tuberculose une urgence mondiale.
Dans le cas de la Grande-Bretagne, la remontée de la tuberculose a été spectaculaire. Du point le plus bas, enregistré en 1987, à 1999, soit douze ans, le nombre des cas rapportés a augmenté de 21 %. Mais pour la seule année 2000, l'augmentation aura été de près de 11 %. Et ce alors que la population a stagné au cours de toute cette période.
Des commentateurs gouvernementaux ont eu le culot d'arguer du fait qu'une partie importante des cas dépistés étaient des émigrants provenant de pays pauvres, pour nier toute responsabilité dans l'aggravation de la situation. Mais ils se sont gardés d'expliquer le fait que 44 % des cas affectent des ressortissants britanniques de souche, ou que les principales concentrations se trouvent dans les quartiers pauvres de trois grandes agglomérations ouvrières - Londres, Glasgow et Birmingham.
Or, dans cette affaire, les politiciens qui se sont succédé au pouvoir, y compris les travaillistes de Tony Blair, ont une responsabilité écrasante. D'abord par leur politique générale qui, pour favoriser les profits de la bourgeoisie, a poussé une fraction de la classe ouvrière dans la pauvreté - que ce soit par le chômage ou par la précarisation. Et d'autre part parce qu'en réduisant les dépenses sociales pour dégager une part croissante des ressources de l'Etat au profit de la bourgeoisie, ils ont provoqué une dégradation générale de la santé publique - qu'il s'agisse des conditions de logement, du traitement préventif des maladies ou des soins.
Dans le cas de la tuberculose, par exemple, le programme de vaccination préventive des enfants scolarisés entre 10 et 15 ans a été abandonné en 1999, officiellement faute d'approvisionnements suffisants en vaccin. C'est seulement maintenant que l'on envisage sa reprise pour... la fin 2002. Comme si l'Etat n'avait pas les moyens de prévoir ce genre de situation et d'y parer en se substituant si besoin aux trusts pharmaceutiques ! Mais il faut croire que Blair avait des préoccupations plus urgentes que la santé de la population. Entre-temps, ce programme a néanmoins été redémarré sur une petite échelle, mais uniquement à Londres, pour faire face à l'afflux d'immigrants - mais pas à Leicester qui en reçoit pourtant tout autant en proportion de la population.
Qui plus est, comment justifier qu'après le diagnostic du premier cas de tuberculose dans cette école, en août 2000, on ait attendu mars 2001, soit sept mois, avant de faire subir des tests à tous les enseignants et élèves de l'école, avec les résultats que l'on sait ? De justification, il n'y en a pas. Mais des raisons, il y en a : les réductions budgétaires qui ont décimé les services d'hygiène sociale tandis que le " tournant vers le marché " de la Santé publique absorbait une quantité croissante de ressources humaines et financières.
Mais qu'importe. Avec une suprême indifférence, Blair continue à mener sa campagne électorale en clamant que " le marché est la voie de l'avenir ". Mais pour les plus pauvres, il peut être la voie vers le cimetière.