Centre hospitalier Esquirol - Limoges (Haute-Vienne) : Le personnel réagit contre le manque d'effectifs20/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1710.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre hospitalier Esquirol - Limoges (Haute-Vienne) : Le personnel réagit contre le manque d'effectifs

Au Centre hospitalier Esquirol de Limoges, dans les services de soins, la dégradation des conditions de travail, due au manque d'effectif, devient de plus en plus insupportable : de nouvelles unités de soins (correspondant à des besoins réels, comme alcoologie, soins aux toxicomanes, unités pour adolescents en crise, etc.) ont été ouvertes sans aucune création de poste, par redéploiement du personnel existant.

Dans certains pavillons, les équipes sont constamment au minimum exigé pour la sécurité, sans possibilité de prendre des jours de congé ou de récupération, et avec des repos hebdomadaires supprimés au premier arrêt maladie. Il arrive souvent à des infirmières qui ont travaillé de 6 heures à 12 heures, de revenir assurer la veille à 22 heures jusqu'à 6 heures, pour reprendre le travail à 16 heures, et même 14 heures ! Sans compter que dans plusieurs unités la veille est assurée à un seul infirmier, vraiment seul, sans AS ni ASH.

Fin mars, deux pavillons d'un secteur concerné par des redéploiements particulièrement sauvages ont réagi : lors d'une délégation massive auprès du directeur des Ressources humaines et de l'infirmière générale (tout le personnel était présent, environ 25 personnes), en décrétant une grève administrative, c'est-à-dire en effectuant seulement les soins et les entretiens psychiatriques, et en laissant de côté toute la partie administrative, de plus en plus lourde et tatillonne pour les soignants.

Depuis environ deux ans, depuis l'informatisation, entre 17 heures et 8 heures du matin, ce sont les infirmiers qui, dans les pavillons, effectuent les tâches administratives du bureau des admissions, ouvert seulement jusqu'à 17 heures, sans aucun poste supplémentaire pour cela bien entendu !

La détermination des deux unités concernées, et aussi la peur d'un accident grave - car les patients de ces unités fermées ont des pathologies lourdes, avec fréquemment des comportements violents -, ont fait que la direction a accordé en deux jours le poste d'ASH demandé et quatre postes d'infirmiers sur les six demandés pour les deux unités.

Seulement voilà, ces postes ont été prélevés sur les unités des autres secteurs. Et la grogne s'est répandue dans l'hôpital.

Les syndicats CGT et FO ont appelé à une assemblée générale sur les heures d'information syndicale. La CFDT a refusé prétextant que tout cela était le fruit de " magouilles " du médecin-chef du secteur concerné. Et les deux autres syndicats étaient accusés de se faire manipuler.

A l'AG, il n'y avait que 35 collègues présents (des soignants en majorité). Mais ils souhaitaient que quelque chose soit fait pour demander des créations de postes au niveau de tout l'hôpital. Un inventaire des besoins a été fait dans tous les secteurs et toutes les catégories, que l'on a adressé à la direction. Un calendrier a été décidé : conférence de presse, grève et délégation pour accueillir le préfet qui devait venir en visite une semaine plus tard. Depuis, il a d'ailleurs annulé sa visite et, ce jour-là, les soignants se sont contentés de maintenir uniquement la grève administrative.

Enfin, une manifestation à l'Agence régionale d'hospitalisation (ARH) a été prévue. Entre-temps, la presse s'est fait largement l'écho des difficultés du personnel à Esquirol.

Mercredi 11, jour de la manifestation à l'ARH, les syndicats CGT et FO avaient déposé un préavis de grève concernant tout le monde : il a été suivi surtout par les soignants (138 sur 148 grévistes). Ce sont 70 collègues, toujours une majorité de soignants, de toutes les catégories, qui se sont retrouvés à un carrefour pour diffuser des tracts d'information à la population, scandant " A Esquirol, y'a trop de travail, à l'extérieur y'a trop d'chômeurs, embauchez les chômeurs " et brocardant Kouchner.

La délégation devant rencontrer le directeur de l'Agence a été désignée sur place (un représentant par syndicat et 14 collègues représentant toutes les catégories et secteurs). Pendant une heure environ, les collègues ont exposé leurs conditions de travail devant le directeur flanqué de son secrétaire et de son assistante qui n'ont su qu'énumérer " tous les efforts qu'ils ont faits pour Esquirol ". Il leur a été rappelé que la totalité du budget protocole Aubry n'a pas encore été versée à l'hôpital pour 2001, qu'on n'avait aucune confirmation des créations de postes nécessaires pour ouvrir une unité de psychiatrie aux urgences du CHRU... " Ne vous inquiétez pas, tout cela sera fait, nous n'avons qu'une parole ", nous a-t-il répondu en substance. A la sortie, un collègue s'écriait : " Bel exemple de langue de bois ".

Après un bref compte rendu aux collègues qui attendaient, une nouvelle AG a été décidée pour le 20 avril, afin de voir s'il est possible d'entraîner un plus grand nombre de collègues dans l'action.

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